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Angleterre, la dépense pour l’année 1858 avait été de 1 milliard 618 millions, et pour 1850 de 1 milliard 5/il millions; en 1860, elle s’est élevée à 1 milliard 813 millions, et elle a été évaluée pour 1861 à 1 milliard 747 millions.

Voici maintenant le budget des nations qui ont pris part à la guerre d’Italie : en Autriche, la dépense, qui avait été de 322 millions de florins (805 millions de francs) en 1858, s’est élevée à 360 millions pour 1861, et, comme on sait déjà que cette même année laissera un assez fort déficit, qu’on évalue à 40 ou 50 millions de florins au moins, on peut porter la dépense pour 1861 à 400 millions de florins (1 milliard de francs), c’est-à-dire à 20 pour 100 de plus qu’elle n’était en 1858. Quant au nouveau royaume d’Italie, il supporte également de lourdes charges. Les revenus pour 1861 ont été, suivant les évaluations de M. Bastogi, ministre des finances à Turin, de 465 millions, et les dépenses de 847: déficit 382 millions. Pour 1862, le revenu est évalué à 522 millions, et les dépenses à 842, laissant 328 millions de déficit, qu’on cherchera à couvrir en partie par des impôts nouveaux, en partie par des emprunts.

En France, une progression à peu près semblable a eu lieu dans les dépenses : sans remonter au-delà de 1858, l’année qui nous a servi de terme de comparaison pour les autres états, nous trouvons que le budget français a été réglé en dépense à 1 milliard 872 millions. En 1861, d’après ce que nous fait augurer le fameux exposé financier de M. Fould, la dépense ne sera guère au-dessous de 2 milliards 100 millions, et le nouveau budget pour 1863 la porte en prévision à peu près au même chiffre. Ainsi, dans presque toute l’Europe, la dépense a augmenté en trois ans de 15 à 20 pour 100. Dans le seul royaume d’Italie, l’augmentation a été de 100 pour 100. Maintenant, si l’on jetait un regard sur le Nouveau-Monde, on verrait un spectacle plus extraordinaire encore, celui d’un état qui, l’un budget de 325 millions de francs avant la guerre, passe tout à coup à un budget de 3 milliards 55 millions pendant la guerre, dont 2 milliards 225 millions à demander à l’emprunt.

Nous ne savons si ces dépenses sont partout complètement justifiées par les nécessités de la politique; mais ce qui est certain, c’est qu’elles ont mis l’Europe et le Nouveau-Monde dans un désarroi financier dont il y avait eu encore peu d’exemples. Autrefois, quand on faisait la guerre, c’était en général l’ennemi qui en supportait les frais, et les finances du vainqueur ne s’en ressentaient guère que pour s’améliorer par des indemnités plus ou moins fortes. Aujourd’hui, grâce au progrès de la civilisation et des idées d’humanité, les choses ont changé : on ne fait plus peser les frais de la guerre sur les malheureux habitans des pays qu’elle désole; on n’en demande même pas en général, sous prétexte de générosité, le rem-