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de 1840, menée pour le compte d’une coalition européenne contre un pacha qui n’avait de la puissance que l’ombre, comme les événemens l’ont démontré. Signalée d’ailleurs par des actes d’indiscipline qui ne peuvent pas étire encore oubliés, et commentée comme elle l’a été par sir Charles Napier lui-même dans son histoire de la guerre de Syrie ou dans la chambre des communes, cette campagne n’a rien ajouté à la gloire de l’Angleterre. De même l’expédition de Chine, difficile peut-être à conduire au point de vue nautique, mais n’ayant » pas fourni l’occasion de quelque brillant combat, n’a pas non plus contribué à augmenter le prestige du pavillon anglais. L’opinion, qui se laisse si facilement étourdir par le bruit du canon, ne tient pas un compte assez juste des victoires remportées sur des obstacles tels que ceux dont le caractère et les talens fort distingués de sir William Parker eurent à triompher. Aujourd’hui, et surtout après ce que nous venons de voir réussir à Pékin même, cette expédition est à peu près oubliée. Ajoutez à ce compte quelques escarmouches avec les nègres de la côte de Guinée ou avec les sauvages de la Mer du Sud, le blocus de Naples pour l’affaire des soufres, et celui du Pirée à propos de la misérable affaire Pacifico : vous aurez le tableau complet, si je ne me trompe, de tout ce que la marine de l’Angleterre a fait militairement sans notre concours depuis 1815.

Partout ailleurs, et dans toutes les occasions où elle a agi, nous avons agi avec elle et en traitant avec elle sur le pied de la plus complète égalité. Nous combattions à côté des Anglais à Navarin ; nous faisions avec eux le blocus des côtes de Hollande en 1832 et de la côte de Cantabrie pendant la guerre civile en Espagne ; en 1845, nous gagnions avec eux la victoire d’Obligado dans le Parana ; nous étions avec eux dans le Bosphore, dans la Mer-Noire et dans la Baltique en 1853, 1854 et 1855, à Sébastopol, à Bomarsund, à Kinburn, à Svéaborg ; nos marins ont enlevé avec les marins anglais les forts de Canton et de Takou en 1858 et en 1860. Enfin nous sommes avec les Anglais, ou ils ont paru un moment être avec nous, au Mexique en 1862.

Dans toutes ces entreprises, nous avons toujours eu part égale d’honneur ; il en est même quelques-unes où notre pavillon a brillé d’un éclat particulier, comme par exemple lors du passagers Dardanelles au mois d’octobre 1853, lors du débarquement à Oldfort en septembre 1854, et en 1855, lors de la prise de Kinburn, où notre marine seule réussit à conduire les batteries flottantes, qui eurent la plus grosse part au résultat. Rappelons encore l’année 1854, où le brave et regrettable amiral Parceval-Deschênes, se trouvant plus tôt prêt que l’amiral anglais et ayant plus de confiance que sir Charles Napier dans la discipline de ses équipages, dut faire une