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quittant Lagos le 20 octobre 1861, a remonté la rivière Ogun ou Abbeokuta jusqu’au village d’Aro, où elle cesse d’être navigable. On peut attendre sur cette nouvelle excursion d’intéressans détails.


IV. — L’AFRIQUE AUSTRALE. — DE L’ALGERIE AU SENEGAL PAR TOMBOUCTOU.

Dans l’Afrique australe, l’intrépide Livingstone a poursuivi avec un succès constant ses fructueuses recherches. Il se proposait surtout de reconnaître les faits hydrographiques particuliers au bassin du Zambèze et de porter au sein des populations indigènes les enseignemens de la morale et de la religion. En juin 1858, le hardi investigateur, quittant l’île de l’Expédition dans le delta du Zambèze, remontait ce grand fleuve, navigable dans toutes les saisons de l’année. les marécages du delta sont malsains ; mais le cours moyen et supérieur du fleuve est d’une grande salubrité. Toute la contrée est fertile ; elle produit un coton qui peut rivaliser avec ceux de l’Égypte et des États-Unis. La canne à sucre y croît sans culture. Sur un affluent du Zambèze, le Shiré, l’expédition a découvert un lac important que les indigènes appellent Schirwa. Il est enveloppé de montagnes à une altitude de 600 mètres au-dessus de la mer ; il a une longueur de 60 kilomètres sur 30 de large, et les bords sont habités par la tribu des Nanganga, qui a le mérite, si rare en Afrique, de ne pas pratiquer l’esclavage. Au-delà de cette tribu, de l’autre côté du Shiré, s’en trouve une autre qui porte le nom de Maravi, et qui s’étend jusque sur le bord d’un autre lac appelé Nyassa, lequel, on vient de le dire, n’est autre que l’ancien Maravi.

Ainsi se confirment chaque jour les notions peu considérables, mais exactes, que nous a léguées la géographie ancienne. Ptolémée plaçait à la côte orientale un lac qui figure sur la carte de d’Anville sous le nom de Maravi. Pendant dix-huit siècles, la science en a tour à tour admis et nié l’existence ; on le rangeait au nombre des inventions fabuleuses à côté des montagnes de la Lune. Or ces montagnes de la Lune, voici que nous les tenons elles-mêmes. Ce lac Maravi, un missionnaire, lointain successeur de Ptolémée, le retrouve ; seulement le géographe grec avait commis des erreurs en longitude et en latitude assez pardonnables, puisqu’il fit, un des premiers, usage de ces mesures qui de son temps étaient orne invention toute nouvelle.

Le Shiré, à peine entrevu jusqu’ici, est un cours d’eau important et rapide, embarrassé souvent, comme la plupart des fleuves africains, de chutes et de cataractes. Cependant il paraît qu’il possède