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et Prata, deux villes juchées à des hauteurs presque inaccessibles, deux nouveaux centres d’exploitation métallurgique à l’époque des républiques italiennes. Partout alors la Maremme fut fouillée, et partout les mines récompensèrent avec usure les efforts des énergiques travailleurs. Les bouches encore béantes de toutes ces anciennes excavations, les tas de déblais qui en proviennent, les amas de scories en tous lieux accumulés, semblent défier la science et l’industrie modernes. Ces ruines muettes sont comme un éternel reproche à l’inertie des Toscans d’aujourd’hui.

Le point le plus digne d’attention, où toutes ces nouvelles exploitations se sont développées, est la montagne qui s’étend de Montieri à Gerfalco, non loin de Prata, à quelques lieues au nord-est de Massa. On dit que le nom de Montieri n’est que la corruption des deux mots latins mons œris, et que les Romains connaissaient ces mines de cuivre, qui auraient été exploitées par les Étrusques. Peut-être ceux-ci ont-ils en effet poussé leurs investigations jusque sur ces gîtes aussi bien que sur ceux de Massa ; mais en ces deux points les travaux du moyen âge ont effacé par leur étendue toute trace des excavations primitives.

Les mines de Montieri ont été surtout exploitées pour l’argent qu’elles renfermaient, et ce qui les rend curieuses, outre l’étendue des travaux, c’est qu’il n’en est guère sur lesquelles il reste plus de documens écrits. Ainsi des l’an 896 nous voyons le marquis Adalbert de Toscane faire donation des mines d’argent de Montieri à l’évêque de Volterra. Au XIIe siècle, c’est la république de Sienne qui possède ces gîtes ; avec les richesses qu’elle en retire elle élève des monumens encore aujourd’hui debout. Ces mines retournent ensuite aux mains des évêques de Volterra, et ils battent monnaie avec l’argent qui en provient. Le degré de finesse du métal obtenu était tellement apprécié dans le commerce que, des 1169, le marc de Montieri servait d’étalon en Toscane pour les ventes et les achats. Les évêques de Volterra s’enrichirent tour à tour dans cette exploitation, tout en payant la dîme comme vassaux aux empereurs d’Allemagne. Quelquefois ils affermaient les mines à des compagnies de marchands ou de banquiers qui en peu d’années réalisaient d’importans bénéfices. Un Français aussi savant que modeste, M. Ulrich, aujourd’hui directeur des mines de l’île d’Elbe, a porté le flambeau de la critique sur les conditions économiques de l’exploitation des mines de la Maremme au moyen âge, et c’est de lui en grande partie que je tiens ces détails sur l’histoire de Montieri. Il n’est pas besoin d’ailleurs de recourir aux archives du grand-duché pour s’assurer de l’intérêt qu’ont dû présenter ces travaux ; il suffit de parcourir la montagne à laquelle est adossée la ville actuelle. On y rencontre un ensemble de puits verticaux et de galeries