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REVUE DES DEUX MONDES.

pour une moitié, par des négociations de bons du trésor, et pour l’autre moitié par des ventes de biens nationaux. Un établissement de crédit foncier peut aider puissamment à la réalisation de ces biens ; mais il semble que les auteurs du projet présenté au gouvernement italien aient combiné les attributions qu’ils s’adjugent, et dont on ne comprendrait pas sans cela l’étrange confusion, de telle sorte qu’ils pussent concentrer dans leurs mains toutes les opérations par lesquelles s’accomplira cette grande aliénation du domaine public. Devant une telle organisation financière, toute concurrence se sentira découragée, et le gouvernement italien s’expose à n’avoir d’autres soumissionnaires que ceux qui seront représentés directement ou indirectement par la société ; c’est la concurrence au contraire que le gouvernement italien à notre avis devrait appeler, seconder, exciter. Pour cela, il eût fallu créer un véritable crédit foncier, une banque hypothécaire qui ne répondît qu’à son titre et qui méritât un crédit incontesté non-seulement sur le marché français, mais sur tous les marchés européens. Le crédit de cette banque, fortement établi, eût suffi pour encourager et aider efficacement toutes les combinaisons qu’une féconde concurrence eût pu créer pour l’acquisition des biens nationaux. Il nous semble du moins que c’est ainsi que se fût efforcé d’agir M. de Cavour, qui avait porté dans la politique commerciale et financière du Piémont les vrais principes et les bonnes règles de l’économie.

Nous espérons que la louable pensée qu’a eue l’empereur Alexandre de reconnaître l’Italie s’unira à des inspirations non moins heureuses pour le gouvernement intérieur de son empire ; mais, dans les circonstances présentes, nous éprouvons une insurmontable répugnance à parler des mystères de la Russie. Nous craignons l’influence fâcheuse qu’une parole inconsidérée, une opinion téméraire pourraient exercer sur la situation violente de la Russie telle qu’elle nous est dépeinte. Le grand-duc Constantin, qui semble entreprendre en Pologne une tâche semblable à celle que l’archiduc Maximilien avait essayée en Italie, sera-t-il plus heureux que l’archiduc ? Il a échappé à un abominable attentat ; mais, dans l’intérêt de la Pologne et dans l’intérêt du progrès libéral de la Russie, peut-être eût-il mieux valu ne pas envoyer un prince à Varsovie, et se contenter de mettre à la tête du royaume un Polonais, tel par exemple que le marquis Wielopolski. e. forcade.




LES SOPRANISTES.

GIZZIELO ET GUADAGNI.

Je veux aujourd’hui réunir dans un seul médaillon l’histoire de deux chanteurs remarquables, dont l’un appartient à la première moitié du xviiie siècle, et l’autre à une période de l’art moins éloignée des temps où