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moi, votre chien, je l’ai reconduit à la porte, il m’a dit de prendre courage, et votre fils aussi. Notre avis est que le plus longtemps que nous puissions rester encore ici sans emmener en partant l’infante avec nous, c’est un mois, et cela tout au plus. Si nous ne nous croyons pas sûrs du succès, attendez-nous plus tôt. »

Le gouvernement espagnol avait un prétexte spécieux pour recommencer, malgré ses bonnes paroles, à faire traîner l’affaire en longueur. Le pape Grégoire XV mourut le 8 juillet 1623, et un mois après, le 6 août, Urbain VIII fut élu pour lui succéder. On déclara à Rome et à Madrid que sa ratification de la dispense provisoirement accordée par son prédécesseur était indispensable, et on entra en négociation avec lui pour l’obtenir.

Cependant, lorsqu’on apprit à Madrid que le roi Jacques avait juré tous les articles proposés et que les mesures favorables aux catholiques commençaient à s’exécuter, l’obstination et la réserve espagnoles se relâchèrent un peu ; les articles préliminaires du mariage furent rédigés et officiellement acceptés par le roi Philippe IV, qui se porta caution du roi Jacques pour l’accomplissement des promesses faites en faveur des catholiques. On annonça que les fiançailles auraient lieu le 29 août suivant. Charles fut autorisé à voir l’infante plus souvent et plus librement. « Elle assiste publiquement avec moi au théâtre, écrivait-il[1] au roi son père, et dans deux ou trois jours elle prendra rang comme princesse d’Angleterre. Deux grandes fêtes publiques, un combat de taureaux et un brillant jeu de cannes, furent données à Madrid en l’honneur de l’union prochaine ; l’infante y parut » avec les couleurs du prince de Galles, en blanc, comme une colombe sans tache, ainsi qu’il convient à la majesté de l’Angleterre. » — « Nous n’avons pas été oisifs, écrivaient le 29 juillet (8 août) au roi Jacques son fils et son favori ; nous pouvons maintenant vous dire avec certitude que le 29 août nous nous mettrons en route et que nous espérons emmener avec nous l’infante. Pourtant, s’ils ne voulaient pas la laisser partir avant le printemps, que notre contrat soit signé ou non, nous prions humblement votre majesté de laisser la décision de ce point à notre discrétion ; nous sommes sur les lieux, nous voyons les choses de plus près et mieux sous leur vrai jour que vous ne pouvez le faire, vous et votre conseil. En tout cas, il n’y aura point de mariage que l’infante ne vienne avec nous, et nous pouvons dès à présent vous donner le plaisir de savoir que nous avons déjà convaincu le comte d’Olivarez qu’il convient qu’elle parte avec nous avant l’hiver ; il fait faire des préparatifs pour son voyage ; il forme sa maison : ce sont ses propres paroles qu’il nous chassera d’Espagne aussitôt qu’il pourra. Vous n’avez, quant à vous,

  1. Le 15 (25) juillet 1623.