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C’était, je présume, à la duchesse de Chevreuse que lord Holland faisait allusion dans ce post-scriptum.


Teh sont les faits et les témoignages. Si on veut absolument en tirer une conclusion positive, la plus vraisemblable se trouve, à mon avis, dans le jugement que porte sur toute cette histoire l’ancien ambassadeur de Louis XIII à Londres, le comte de Tillières, qui la résume ainsi : « Buckingham fut vu de la reine régnante avec une grande joie, qui n’était pas sur le visage seulement, mais qui pénétrait jusqu’au cœur. Dès le premier jour, la liberté entre eux fut aussi grande que s’ils se fussent connus depuis un long temps. L’humeur audacieuse de la part du duc de Buckingham en fut cause, et de la part de la reine régnante la bonne impression qu’on lui avait donnée de lui, qui avait pénétré bien avant dans son esprit et la faisait agir plutôt par sa passion que par la raison, ce qui augmenta par la conversation, et jusqu’à tel point que la bienséance en fut bannie. Certainement dans les effets tout y était honnête, mais les apparences n’en valaient rien, et ladite dame reine se conduisait en cette rencontre comme font beaucoup d’autres femmes, sur la croyance qu’elles ont, et qu’elle croyait avoir elle-même ou qu’elle prenait par les conseils d’autrui, qu’il n’importait pas de donner de bonnes apparences, pourvu que le fond fut bon et innocent, et que, le conservant tel, elle satisfaisait à Dieu et au monde : ce que je ne crois pas, mais au contraire qu’elle péchait contre les lois de l’un et de l’autre, parce qu’elle donnait de mauvais exemples et du scandale, qui et en soi un péché, et qui en attire beaucoup d’autres après soi, d’autant plus que la personne qui le donne est relevée en dignité, elle s’en doit davantage garder, parce qu’il est plus dangereux et tire après soi de plus mauvaises conséquences. »

Après sa soudaine apparition à Amiens, Buckingham n’avait plus aucun prétexte pour retarder le départ d’Henriette-Marie pour l’Angleterre; les vents s’étaient calmés, la flotte anglaise arrivait à Boulogne pour escorter sa nouvelle reine. L’embarquement avait dû d’abord avoir lieu à Calais; mais la peste, ou je ne sais quelle maladie contagieuse qu’on appelait de ce nom, y avait paru. Le duc de Chevreuse et le comte de Brienne remirent officiellement la fille de Henri IV au duc de Buckingham et aux comtes de Carlisle et de Holland: elle s’embarqua le dimanche 22 juin 1625 avec tout son cortège, et arriva à Douvres le même jour après une traversée de sept heures, qui fut regardée comme courte et douce. Le roi Charles Ier y était venu quelques jours auparavant pour la recevoir ; mais, sur la nouvelle que le départ de France était retardé, il retourna à Cantorbéry et ne revint pas à Douvres pour le moment du débarquement, voulant laisser à la reins le temps de se reposer. Il