Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 42.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la méthode accoutumée des orpailleurs de nos rivières, qui semble n’avoir pas varié depuis le commencement de l’histoire, car elle est telle qu’on la voit décrite sur les murailles des temples de l’antique Égypte ; mais, les gisemens de la Californie s’étant appauvris, le génie industrieux des mineurs, gens autrement entreprenans que les orpailleurs de nos vallées, a été vivement aiguillonné. Ils ont si bien réussi dans leurs tentatives, qu’ils lavent avec d’énormes profits maintenant, selon l’exposé de M. Laur, des alluvions dont le rendement n’est que d’un quatre-millionième, 1 kilogramme d’or par 4 millions de kilogrammes d’alluvions. Comment ce résultat a-t-il été possible ? Par la transformation des méthodes, qui a été très rapide. Avec le procédé actuel, le lavage se fait sans que le mineur remue ou touche les alluvions, qu’autrefois il lui fallait de ses mains arracher du sein de la terre et apporter aux appareils de lavage, qui d’ailleurs étaient grossiers. Pour laver 1 mètre cube, on dépensait à l’origine 75 francs, en portant à 20 francs la journée de travail. Ces frais sont descendus à moins de 3 centimes en adoptant la même base d’évaluation. C’est une progression de 1 à 2,500[1].

Presque journellement on assiste maintenant à des changemens qui offrent plus ou moins le même caractère pour telle ou telle industrie, tant on a acquis d’habileté aujourd’hui dans l’art d’appliquer les découvertes de la science à l’avancement des arts. La dentelle jusqu’ici s’est faite à la main. L’exposition offre une machine à fabriquer la dentelle, machine fort curieuse, qui n’est peut-être pas tout à fait sortie de la période d’expérimentation, mais qui semble toucher au but. Elle fait grand honneur à M. Désiré Sival. Pour les articles très communs, les seuls qu’on y ait essayés encore, elle permettrait à une ouvrière de faire l’ouvrage de cent, dit-on, et de le faire pour le moins aussi bien.

Il ne se passe pour ainsi dire pas de jour où l’une ou l’autre des nombreuses industries entre lesquelles se partage l’activité matérielle des grands états ne reçoive dans quelques-uns de ses détails un perfectionnement dont l’effet est de permettre à une personne de faire ce qui auparavant nécessitait cinq, dix, vingt ouvriers et davantage. Ce sont autant d’accroissemens de la puissance productive. Toute personne versée dans la connaissance des procédés de l’industrie n’aurait que l’embarras du choix pour citer des exemples.

L’augmentation de la puissance productive se manifeste souvent par une grande économie de temps plus que par une diminution de la dépense en main-d’œuvre. Le raffinage du sucre en est un des plus frappans exemples. Par l’emploi de nouveaux procédés chimiques

  1. Rapport sur la Production des Métaux précieux en Californie, par M. Laur, p. 33.