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Machines hydrauliques. — La machine à vapeur prime aujourd’hui les machines hydrauliques ; celles-ci cependant ne sont pas restées stationnaires. On fait de mieux en mieux les roues hydrauliques. Le bélier hydraulique a été l’objet d’un perfectionnement intéressant qui en augmentera l’efficacité et l’usage : il est dû à M. Bollée, mécanicien français ; mais de toutes les machines où l’eau agit par son poids, son choc ou sa pression, celle qui se recommande le plus, à l’exposition, est la presse hydraulique, machine en effet très propre à obtenir de grands résultats. Les Anglais semblent avoir une prédilection pour cet appareil, et ils lui font rendre de puissans effets en lui donnant des proportions extraordinaires. Ils y appliquent alors une machine à vapeur qui fait manœuvrer la pompe destinée à fouler l’eau et à en développer la pression. Une des plus belles applications qui en aient été jamais faites est celle du Victoria dock, à Blackwall. L’appareil, assez fort pour retirer de l’eau un navire en quelques quarts d’heure, a pour instrument principal une presse hydraulique. Ce dock flottant dispense de ces constructions si dispendieuses qu’on appelle les formes de radoub, et il rend à moins de frais et bien plus rapidement de plus grands services. C’est plus économique, plus simple et plus efficace que les autres moyens de radoub désignés antérieurement par le nom de docks flottans. Avec ce système, un seul appareil élévatoire permet de radouber à la fois un grand nombre de navires. Cette invention, qui est un bienfait pour la navigation, est due à M. Edwin Clark.

On rencontre à l’exposition d’autres emplois ingénieux de la presse hydraulique. Un des plus curieux est celui qui a pour but la fabrication d’objets d’art moulés en bois durci, présentés par M. Latry. Il offre cette particularité que l’action énergique de la presse hydraulique s’y combine avec celle de la chaleur produite par des jets de gaz enflammé, pour donner une grande dureté à la poussière de bois dont on a rempli les moules.

Machines à air comprimé. — Peu d’appareils à air comprimé ont fait leur apparition à l’exposition. Il est difficile de prévoir ce que l’emploi de l’air comprimé pourra devenir. Jusqu’à ce jour, il avait provoqué peu d’espérances ; mais pour des cas particuliers il offre des ressources que rien ne remplacerait. En ce moment, c’est sur l’emploi des machines à air comprimé qu’est fondée une des entreprises les plus hardies auxquelles ait donné naissance la construction des chemins de fer, celle de percer le Mont-Cenis sous le col de Fréjus, entre la vallée de l’Arc et celle de la Doire, sur une longueur de 13 kilomètres, sans qu’on ait la ressource de puits intermédiaires permettant d’aérer les travaux et d’attaquer le percement par un grand nombre de points à la fois. Une machine hydraulique comprime et refoule l’air, qu’on a besoin de jeter en abondance par des