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en 1801 : des tranchées furent ouvertes dans les roches solides pour découvrir les veines qui, selon les règles de la science, devaient contenir le minerai. Tout ce labeur fut en pure perte : l’or semblait s’être évanoui. Aujourd’hui encore cependant une société vient de se constituer pour exploiter des terrains aurifères dans le pays de Galles. Tout annonce que cette contrée montagneuse a recelé autrefois le métal si convoité, et les anciens chants welches, connus sous le nom de triades, célèbrent quelques-uns de leurs princes comme ayant possédé des gerbes d’or. Un savant géologue anglais, M. Smyth, a retrouvé sur les filons de quartz d’Ogofau, près de Pampant, dans le Caermarthenshire, les traces de travaux entrepris par les Romains et semblables à ceux que l’on découvre dans la Transylvanie. Si l’or a existé autrefois à l’état naturel dans le pays de Galles, faut-il en conclure qu’il y existe encore aujourd’hui ? Non vraiment ; bien différentes en cela des autres veines métalliques, les veines aurifères paraissent être plus riches vers la surface des roches et s’appauvrir à mesure qu’on les poursuit dans l’intérieur de la terre. Il en résulte que l’or, dont des fragmens détachés de la roche-mère s’offrent en quelque sorte d’eux-mêmes aux premiers venus parmi les débris des montagnes et le lit desséché des torrens, devient ensuite d’une recherche beaucoup plus difficile et quelquefois même infructueuse.

L’argent s’est aussi montré à différentes reprises sur le sol de la Grande-Bretagne. En 1296, Édouard Ier reçut du Devonshire 704 livres pesant de ce métal, et jusqu’au règne de George Ier les mines du pays de Galles fournirent la matière première pour une certaine quantité de pièces d’argent frappées à l’hôtel de la monnaie. À la fin du XVIe siècle et au commencement du XVIIe, les mines d’Aberystwith, dans le Cardiganshire, acquirent une grande célébrité. Sir Hugh Middleton y réalisa, dit-on, une belle fortune, qu’il dépensa à conduire un cours d’eau, la New-River, de Ware jusqu’à Londres. À sa mort, un M. Bushell, Secrétaire de Francis Bacon, acheta ces mines à la veuve, et en tira des profits considérables. Ayant obtenu de Charles Ier le privilège de battre monnaie, il établit des forges sur les lieux, et habilla l’armée du roi avec une partie de l’argent qu’il extrayait de ses mines, et qu’il frappait lui-même. Durant les guerres civiles, Bushell sacrifia sa fortune, et se plaça bientôt à la tête d’un régiment de mineurs qu’il avait levé pour la défense de la cause royaliste. Le château d’Aberystwith fut attaqué et pris de vive force par les troupes du parlement. À dater de ce jour, la fabrique des monnaies et les mines furent abandonnées. Aujourd’hui l’argent ne se présente plus guère dans les îles britanniques qu’associé au minerai de plomb. Pendant longtemps, une assez grande partie de cet argent était perdue et négligée