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de l’Angleterre ont atteint un degré de prospérité peut-être sans exemple jusqu’à ce jour.

C’est au milieu d’une population ainsi favorisée qu’est venue, il y a quelques mois, sévir et que sévit encore la crise née de la disette du coton. Voyons de quels moyens disposait la société anglaise pour secourir tant de familles si dignes d’intérêt.

On connaît l’ancienne institution de la taxe des pauvres. Il est peu de sujets qui aient autant que le paupérisme attiré l’attention des publicistes, et dans la Revue le système d’assistance en vigueur en Angleterre a été souvent l’objet d’études intéressantes. Il serait donc superflu d’entrer dans de longs détails sur l’institution de la taxe des pauvres. Il suffit de rappeler qu’en Angleterre chaque paroisse est responsable de ses pauvres, est tenue de les assister. Une taxe est levée sur les divers points du pays selon les besoins du moment. Les paroisses ou les unions, groupes de paroisses, administrent elles-mêmes les secours par l’intermédiaire d’un comité (board of guardians) nommé à l’élection. Les secours sont accordés soit dans les maisons de refuge ou de travail (workhouses), soit à domicile.

L’ouvrier anglais ne compte sur la taxe des pauvres qu’à la dernière extrémité. La loi est rigide : celui qui s’adresse à la paroisse pour en recevoir des secours doit être dans un état complet de dénûment ; il ne doit absolument rien posséder, et dans les termes de la loi, avant de recevoir aide de la paroisse, il doit vendre son mobilier. Cette mesure, il est vrai, n’est pas mise à exécution dans toute sa rigueur. Celui qui recourt à la paroisse est tenu de travailler au workhouse, où il se rend cinq jours de la semaine, un jour de liberté lui étant accordé pour chercher une occupation. Les secours alloués sont modiques. Le principe de la loi, telle qu’elle a été amendée en 1832, est celui-ci : la paroisse doit être de tous les maîtres le plus exigeant, et celui qui s’adresse à elle doit trouver le travail le moins rémunérateur. La tendance générale a été de diminuer autant que possible le nombre des pauvres valides ou en état de travailler, en rendant l’assistance difficilement accessible ; mais ces sévérités ne s’adressent qu’à l’individu valide qui préfère l’assistance à un travail régulier : quant aux malades, aux enfans et aux vieillards, les workhouses sont pour eux des asiles, des hôpitaux qui peuvent soutenir la comparaison avec ce que l’on connaît de mieux sur le continent.

Les premiers effets de la rareté du coton ou du prix élevé de cette matière première se firent sentir, il y a bientôt un an, par le ralentissement du travail dans un certain nombre d’usines, et bientôt après par l’inaction complète. Cependant rien à l’extérieur ne faisait