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besoins de la classe la plus indigente du peuple, d’admettre indistinctement dans les états des représentans de toutes les villes du pays, d’appeler aussi dans une proportion équitable les habitans des campagnes, etc. » Ce langage peut être considéré comme peu royal après ce qui s’était passé ; mais à coup sûr il ne pouvait être plus paternel et, plus bienveillant.

En exécution de cet arrêt du conseil, les états de Franche-Comté se réunirent à Besançon dans la même forme qu’en 1666, c’est-à-dire en trois chambres séparées, le 27 novembre 1788. Le marquis de Saint-Simon, commandant-général, et M. de Canmartin de Saint-Ange, intendant, remplissaient les fonctions de commissaires du roi. « Il est enfin arrivé, dit l’intendant, ce jour si longtemps attendu, si vivement désiré par vos pères, où les trois ordres de la Franche-Comté peuvent s’occuper en commun du bonheur de la province. Un changement de domination, un siècle de désuétude, tout semblait éloigner de plus en plus la restauration de cette assemblée ; mais le vœu public est enfin exaucé : la Franche-Comté voit renaître son ancienne constitution, et je regarde comme l’époque la plus brillante de ma vie celle où je suis chargé d’annoncer à une grande province le bienfait le plus signalé qu’elle pût attendre de la justice de son souverain. » M. de Caumartin réclamait une part personnelle dans le rétablissement des états ; voici en quels termes : « Après quelques essais heureux tentés dans différentes provinces, sa majesté s’était déterminée à former dans tout le royaume des assemblées provinciales. Consulté alors sur cet objet important, j’ai pensé que cette institution salutaire n’était pas applicable à une province qui avait joui pendant une longue suite de siècles d’une constitution différente, dont la forme, quoique suspendue, n’avait jamais été abrogée. Plusieurs de vous savent quels furent à cette époque mes discours et mes démarches. L’événement a justifié mes présages. Pendant que je parlais avec franchise dans le secret du conseil, le parlement faisait entendre avec éclat sa voix au pied du trône, et renouvelait au nom de la province une demande qu’il avait déjà formée dans des temps moins prospères. Lorsque je remettrai entre vos mains l’administration qui sera confiée à votre vigilance, je tâcherai de vous développer, etc. » Ainsi l’intendant lui-même, si violemment attaqué par le parlement, abdiquait devant les états.

La chambre du clergé fut présidée, suivant l’ancien usage, par l’archevêque de Besançon ; la chambre de la noblesse choisit pour président le prince de Bauffremont, qui comptait parmi ses ancêtres le président de la noblesse de tout le royaume aux états-généraux de 1614. La présidence de l’ordre du tiers revenait, d’après la coutume au lieutenant-général du bailliage d’amont ; mais le titulaire