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pénétrans s’émoussaient contre ces cuirasses d’impiété. Les débauches persistaient malgré les plus beaux sermons ; Saint-Thomas restait ce qu’il avait été, un cloaque dans tous les genres. Que fit le recteur ? Il abandonna à elle-même la génération faite pour porter ses soins sur la génération qui était à former. Il visa à un double but : préserver les enfans en les tenant le plus possible éloignés des scandales de la famille, faire servir l’éducation des enfans à l’amendement des parens. Tout était à créer ; la paroisse, composée comme elle l’était, n’avait ni le goût ni les moyens de se donner une école, ou n’y songeait même pas. Le conseil privé ne pouvait assister ce qui n’existait pas, et il lui était interdit de créer un établissement de toutes pièces. M. Rogers se trouvait donc réduit à ses seules forces ; mais il ne faiblit pas. Le but était grand, le bien à faire sans limites ; il ne doutait pas qu’en s’adressant à l’émotion et à la charité publique, des secours ne lui vinssent de divers côtés. Il raconta, dans une publication succincte, ce qu’était la paroisse dont il avait la direction spirituelle, ses efforts pour l’amender, ses échecs, et le dernier moyen qu’il avait imaginé. Son appel fut entendu, quelques souscriptions arrivèrent ; il commença les travaux sous sa garantie personnelle. Le comité du conseil privé put alors allouer 2,400 livres aux écoles de Saint-Thomas : c’était loin des 9,000 livres qu’elles ont définitivement coûtées. Le reste, 6,600 livres, a été recueilli non dans le district, — à le mettre tout entier en vente on n’en retirerait pas cette somme, — mais un peu partout, en Angleterre, en Écosse, d’amis connus ou inconnus, qui se confondaient dans une bonne œuvre, fruit d’une heureuse inspiration. À l’aide de toutes ces ressources combinées, M. Rogers est arrivé à ses fins : les écoles de Saint-Thomas ne le cèdent, pour la solidité et la grandeur des constructions, à aucune des autres quartiers de Londres. Dans la première période, elles pouvaient contenir 1,400 enfans. Depuis lors, avec une dépense de 10,000 livres, sur lesquelles le conseil privé a fourni 6,848 livres, tandis que le reste provenait de dons particuliers, on a pu élever, avec plus de luxe dans les décorations, d’autres bâtimens qui contiennent 2,154 enfans. C’est donc un ensemble de locaux pour 3,600 élèves, fondés par la persévérance d’un homme de bien dans une circonscription frappée d’anathème, et qui n’avait pas une seule école il y a vingt ans. Son calcul n’a pas été trompé ; ces écoles ont réussi, les enfans ont agi sur les parens, et ces derniers y ont mis du leur. La dépense annuelle, qui comprend le personnel et l’entretien, s’élève à 2,035 livres, sur lesquelles les droits scolaires figurent pour 1,306 livres et la subvention du conseil privé pour 287 livres ; le reste provient de souscriptions, et parmi les souscripteurs on regrette de ne pas trouver le nom du collège de Dulwich, à qui appartient presque tout le sol du district.