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SCÈNE II.
CARION, BACTIS, CHRÉMYLE.


CHRÉMYLE, de mauvaise humeur, à Carion.

Pendant que tu t’amuses à babiller ici, on est mal servi chez moi, et les coupes restent vides. Allons, à l’ouvrage, drôle !

CARION.

À vous dire vrai, mon maître, j’ai tant travaillé des mains et de la mâchoire que j’éprouvais le besoin de prendre l’air.

CHRÉMYLE, le menaçant.

Ne réplique pas et obéis, double brute !

CARION, à part.

Oh ! oh ! voilà mon maître de bien méchante humeur ! Plutus l’aurait-il battu ? (Il sort.)


SCÈNE III.
CHRÉMYLE, BACTIS.


CHRÉMYLE, inquiet.

Eh bien ! où est-il cet étranger qui rôdait autour du logis et demandait à me parler ?

BACTIS.

Je n’ai vu personne.

CHRÉMYLE.

Cherche-le, et sache un peu ce qu’il me veut. S’il te demande où est Plutus, dis-lui que tu ne le connais pas. (Bactis sort.)


SCÈNE IV.


CHRÉMYLE, seul.

Pour les gens de chez nous, je veux bien qu’ils retirent quelque chose des faveurs de mon hôte ; mais si ceux de la ville espèrent que je les admettrai au partage !… D’abord ce sont tous fripons ou prodigues qui me le raviraient ou me l’épuiseraient en un tour de main, et puis quelque calomniateur pourrait bien me traduire devant les juges comme ayant commis un crime, assassiné quelque voyageur ou percé le mur d’une maison ! Quand on voit un homme devenir riche tout d’un coup, on le soupçonne. J’ai eu tort de ne pas cacher, même à mes plus proches, la présence de Plutus. Je me sens triste et comme menacé des plus grands malheurs.