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SIX MOIS
DE LA REGENCE

L'ANGLETERRE. - LAW. - LE CAFE. - L'AMERIQUE.
— 1718-1719.—

L’Angleterre est grande en ce siècle, grande d’elle-même et par l’éclipse de la France. Celle-ci pour longtemps est absente des affaires humaines ; elle ne fera guère que des sottises en politique, en littérature des œuvres de génie. Naufragée et demi-brisée, enfonçant, elle roule entre deux eaux ; dans le sillage du vaisseau britannique. Tout flotte derrière celui-ci, non-seulement les puissances protestantes, mais les catholiques. L’Espagne, l’empereur, la courtisent pour arracher des lambeaux d’Italie. Cette grandeur de l’Angleterre n’est point illégitime. Seule entre les nations d’alors, elle a les trois conditions pour vivre et agir : un principe, une machine, un moteur.

C’est le moteur qu’on n’a pas remarqué. Sans lui, elle n’eût rien fait. Son beau principe du gouvernement de soi par soi était représenté très peu fidèlement par deux chambres aristocratiques. Sa fameuse constitution, — une vieille machine de Marly, — était propre à ne pas bouger et ne rien faire. La prétendue balance n’était qu’une bascule alternative. L’Angleterre prit force et vigueur, Justement parce qu’il n’y eut plus ni balance, ni bascule. Un moteur vint qui emporta tout en ligne droite, dans un mouvement simple