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ses titres. Si, comme elle le prétend, la hausse de l’escompte devait amener la baisse des fonds publics et des valeurs, les titres de la rente et des valeurs se classeraient avec plus de certitude et d’avantage pour le crédit de l’état, ils seraient achetés par les capitalistes, et l’encaisse métallique se reconstituerait promptement. Tous les esprits sensés doivent donc conseiller au gouvernement de la Banque de ne point céder à des clameurs égoïstes et de ne consulter, en obéissant à la loi de la situation, que les vrais intérêts du commerce et du crédit de la France.

Dans une année où doivent s’accomplir parmi nous des élections générales, il serait naturel de faire trêve aux questions étrangères, et nous ne sommes point surpris du ton pacifique sur lequel l’empereur a parcouru ces questions dans son discours d’ouverture. Après le congé qui a été donné, il y a quelques mois, à la question romaine, le discours n’avait plus rien à nous apprendre. On a remarqué cependant les paroles accentuées sur la révolution, avec laquelle nous ne devions pas pactiser, et sur le saint-siège, que notre honneur et nos engagemens passés nous obligeaient de soutenir. En tout cas, nous n’avons point soutenu le saint-siège en vertu d’un principe ; nous ne l’avons pas soutenu lorsque, la révolution étant sans doute de la partie, on lui enlevait les Romagnes, les Marches et l’Ombrie. Il paraît que les obligations de nos engagemens et de notre honneur n’allaient point jusque-là. Quant à la révolution, c’est dans ses principes les mieux définis et les plus certains qu’elle nous impose une solution de la question romaine conforme aux vœux et aux droits de l’Italie. C’est en ce sens que la question romaine est essentiellement pour nous une question intérieure. Nous ne pouvons perpétuer notre intervention à Rome et nous arroger le rôle, si peu flatteur pour le catholicisme, de protecteur du pape contre ses sujets, rôle ingrat que l’Autriche nous a repassé, sans démentir l’esprit de la révolution française, qui a prononcé la séparation du temporel et du spirituel. Le caractère de question intérieure que l’affaire de Rome a pour la France sera, nous l’espérons, mis fortement en lumière dans les prochaines élections. Pour l’Italie aussi, la question romaine est trop longtemps demeurée une question extérieure abandonnée à l’arbitraire d’une politique étrangère. C’est par la bonne direction de sa politique intérieure que l’Italie peut préparer l’avènement de la capitale que son histoire et son génie lui destinent. Le ministère parlementaire qui a maintenant le gouvernement de l’Italie a mieux à faire que d’importuner la France de réclamations stériles à propos de Rome : il le comprend ; décidé à faire lui-même les affaires de l’Italie, il s’appliquera énergiquement à établir l’administration des provinces méridionales, à organiser les ressources financières du pays, à faire une forte armée. Les embarras de l’Autriche et la politique expectante de la France lui donnent tout le temps de mener à bonne fin cette tâche vraiment patriotique, qui donnera à l’indépendance de l’Italie ses garanties les plus puissantes.

La paix ne saurait être troublée par les événemens qui viennent d’avoir