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se maintiennent d’eux-mêmes sans qu’il soit besoin de ligatures. On a reproché à cette disposition une grande propension à s’enrouler, et par suite à former des nœuds, ce que les marins appellent vulgairement des coques. On a dit aussi que, par une forte tension longitudinale, les fils de fer doivent se rapprocher les uns des autres et pénétrer irrégulièrement dans le matelas de chanvre goudronné. Cet effet ne se produit en réalité que pour des tensions très voisines de la rupture que le conducteur ne doit pas supporter. Les fils en spirale se comportent parfaitement dans les grandes tensions ; ils s’arc-boutent mutuellement, se serrent les uns contre les autres et résistent ensemble comme le ferait un fil unique.

Mais lorsqu’on eut relevé, au bout de quelques années, des câbles à armature en fils de fer, on reconnut que ces fils s’étaient corrodés. Lorsque le fer est enfoui dans le sable ou dans la vase, pourvu toutefois que cette vase ne contienne aucune substance nuisible, il se conserve assez bien, tandis que sur d’autres fonds il se détériore promptement. On reconnut aussitôt l’utilité d’une seconde enveloppe superposée à l’armature métallique et destinée à l’isoler de l’eau de mer. La galvanisation produisait peu d’effet. On essaya des rubans de chanvre goudronné en spirale, ou bien des fils de chanvre goudronné enroulés autour de chaque fil de fer, et ce dernier procédé donna des résultats assez satisfaisans, sans assurer cependant au fer une durée indéfinie. D’autres fabricans ont proposé d’entourer l’armature métallique avec une gaîne de caoutchouc, de gutta-percha, enfin d’un composé isolant quelconque qui la sépare complètement de l’eau ambiante. Cette gaîne serait sans doute détruite en bien des endroits par les manœuvres de la fabrication et les incidens de l’immersion; mais il serait peu probable que les fils dénudés se trouvassent précisément déposés sur la partie du sol qui contient quelque cause d’altération locale. La question de conservation des armatures métalliques est loin d’être résolue; nous devons dire qu’elle ne présente un intérêt réel que pour les atterrissemens, car il y a lieu de croire que l’armature métallique devient inutile quand le câble est descendu dans la mer profonde.

L’utilité de l’armature a même été mise en question. On a prétendu d’abord qu’elle produisait, en partie du moins, les retards de transmission, dont nous connaissons mieux maintenant la véritable cause. On a dit qu’elle était lourde, encombrante, et que son poids aggravait les dangers de l’immersion. Certains ingénieurs, contredits par les faits postérieurs, sont allés jusqu’à prétendre qu’un câble à armature métallique ne pourrait sans rupture être immergé à quelques mille mètres de profondeur. L’expérience des dernières années et les progrès de la théorie ont fait reconnaître, au con-