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aujourd’hui remplacé sur les mêmes lieux la domination des anciens maîtres du monde. La Banque est désormais le Capitole de l’Angleterre.

La grandeur de la Banque d’Angleterre ne réside d’ailleurs pas dans l’édifice babylonien dont les développemens n’ont fait que traduire d’époque en époque l’étendue toujours croissante des transactions financières. Elle représente aujourd’hui la plus grande accumulation de richesses qui existe au monde. Son influence se fait sentir sur tous les marchés de l’Europe, et il n’y a guère de grandes entreprises dans les contrées les plus éloignées où elle ne se montre en quelque sorte présente par son intervention et ses capitaux. Richard Cobden raconte que, voyageant en Turquie et en Grèce vers 1837, il vit dans la petite île de Syra les marchands grecs, un télescope à la main, épiant avec la plus grande inquiétude l’arrivée du vaisseau qui devait leur apporter des nouvelles de la Banque d’Angleterre. Une telle institution représente pour ainsi dire le cœur du système commercial et industriel chez un peuple marchand, ou, comme on l’a dit, c’est la planche fondamentale du vaisseau appelé la Grande-Bretagne.

Si énorme que soit la masse des affaires traitées dans ce vaste établissement, on peut diviser le travail de la Banque en trois branches. Il y a d’abord le département pour l’émission des billets de banque (issue of bank-notes), qui a été séparé du reste par le bill de Robert Peel en 1844. La Banque d’Angleterre sert en outre les intérêts de la dette publique, et ce service a donné naissance à un autre rameau administratif, — management of the national debt. Enfin elle est le caissier du gouvernement, le banquier des banquiers ; elle escompte les billets à ordre et reçoit les dépôts d’argent ou de marchandises précieuses. Ce dernier ordre d’affaires est représenté par un troisième département, — public and private banking. Tels sont les différens théâtres d’activité qu’il faut parcourir, si l’on veut connaître la Banque d’Angleterre dans toute l’étendue et la diversité de ses vastes opérations.


II.

Le département pour l’émission des billets de banque (issue department of bank-notes) embrasse plusieurs salles détachées, mais qui se relient les unes aux autres par la solidarité des fonctions, ainsi que les organes d’un même système dans la vie animale. Une des branches les plus étendues est le printing office (imprimerie) avec toutes les dépendances : qu’on n’aille pas croire d’ailleurs qu’il s’y imprime seulement des bank-notes ; tous les gros livres de comptes dont on se sert dans les bureaux de la Banque, — et la con-