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tratifs qu’elle applique à l’administration du bien de l’état. De moment en moment, des cheques tirés par les déposans se présentent devant les commis. Le principal soin de ceux-ci est d’examiner dans les livres le compte de chaque client, de bien s’assurer par leurs yeux, sous peine d’amende, si la balance entre le dépôt et les sorties d’argent n’est point rompue. Comme cette série de travaux rentre dans le mouvement naturel de toutes les banques, je ne m’y arrêtai point ; mais dans la même salle est, on l’a vu, une autre division entièrement consacrée aux comptes courans de la Banque d’Angleterre avec les banquiers et qui présente un intérêt tout particulier. Autrefois les clercs de banquiers avaient coutume de se réunir à Londres dans un public-house. Là, tout en buvant un verre de bière, ils ouvraient leur portefeuille et échangeaient volontiers entre eux, pour s’épargner du temps et des peines, les billets ou mandats tirés par une maison sur une autre maison de Londres. Cette circonstance donna l’idée de concentrer un tel ordre de transactions, au profit des banquiers eux-mêmes, dans un établissement régulier, et de cette idée naquit en 1770 le clearing-house (littéralement, maison pour nettoyer les comptes). La maison s’élève dans Lombard-street, au coin d’une cour et derrière un bureau d’assurance. L’intérieur, très peu connu même de la plupart des Anglais, consiste en une grande salle avec des pupitres sur lesquels sont écrits par ordre alphabétique les noms des banquiers. Là, chaque banquier de Londres envoie en effet une ou deux fois par jour un de ses commis chargé de toutes les lettres de change et de toutes les traites payables à Londres qu’il peut avoir reçues de ses cliens. En un clin d’œil, et au milieu d’un grave tumulte qu’on pourrait appeler le tumulte des affaires, toutes les valeurs ont passé d’un portefeuille dans le portefeuille du voisin, et s’anéantissent en quelque sorte les unes par les autres dans ce mouvement d’échanges. C’est ainsi qu’en 1839, une masse de comptes, s’élevant à 954 millions de livres sterling, fut réglée par un paiement total de 66,275 livres sterling en bank-notes. Tel était l’état des choses lorsqu’une nouvelle économie de temps et d’argent s’introduisit vers 1856 dans les arrangemens du clearing-house. Il fut décidé par les banquiers de Londres que désormais la balance de tous les comptes entre une maison et une autre serait close chaque jour au moyen de simples cheques tirés sur la Banque d’Angleterre. Ces chèques pour ou contre arrivent vers trois heures de l’après-midi dans le drawing office de la Banque, où ils sont inscrits sur un livre au nom de chaque banquier, et forment ainsi partie de son actif ou de son passif. La conséquence toute naturelle d’une telle combinaison est que plus d’un million de livres sterling peut être