l’armée de mer; voici quel est l’effectif des canons que possède sur mer en temps de paix chacune des puissances qui ont une marine de quelque importance :
Royaume-uni | 5,890 canons. |
France | 1,920 |
Italie | 1,192 |
Pays-Bas | 1,191 |
La Russie, l’Autriche, la Prusse, l’Espagne, ne possèdent que des marines insignifiantes. Ici la différence entre le pied de guerre et le pied de paix paraît encore plus grande que pour l’armée de terre. L’effectif attribué à l’Angleterre sur le pied de guerre est de 14,500 canons, et celui de la France de 12,600; mais la part de la France doit être exagérée. Il est difficile d’admettre que nous puissions avoir une marine militaire six fois plus forte en temps de guerre qu’en temps de paix : rien ne s’improvise moins qu’un grand état maritime. Qu’est-ce d’ailleurs que le temps de guerre? Ne sommes-nous pas toujours sur le pied de guerre, au moins quant à la marine?
Vient enfin la puissance financière, représentée par le budget. M. Block assigne à chacun des grands états le chiffre suivant de recettes publiques en 1861 :
France | 1,840 millions. |
Royaume-uni | 1,686 |
Russie | 1,161 |
Autriche | 748 |
Espagne | 591 |
Prusse | 507 |
Italie | 473 |
Il y a beaucoup à dire sur la valeur de ces chiffres, et M. Block le reconnaît lui-même. Les budgets de la France et de la Grande-Bretagne par exemple ne sont pas établis sur les mêmes bases; des catégories de recettes et de dépenses qui figurent dans l’un ne figurent pas dans l’autre. En réalité, les recettes publiques du royaume-uni, en y comprenant tout, égalent au moins les nôtres, et les dépassaient de beaucoup il y a peu d’années. Cette réserve faite, on peut accepter ce tableau comme donnant une idée comparative assez exacte des recettes publiques des différens états; mais on se demande pourquoi M. Block n’a pas mis en regard les budgets des dépenses : on y aurait vu que les dépenses de la France dépassent de beaucoup les recettes, et que celles de l’Italie laissent un déficit annuel de 400 millions au moins.
Ce sont, bien entendu, les dépenses militaires qui chargent à ce point les principaux budgets; l’Angleterre, d’après M. Block, dépense plus de 700 millions par an pour son armée et sa marine; il assigne à la France une dépense annuelle de 500 millions pour le même objet, mais en réalité