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sées d’un de ses collègues, et nous avons rendu compte des premières passes échangées entre MM. Steenstrup et Worsaae au sujet de la question fort discutée d’un partage des âges de pierre et de bronze en différentes périodes. M. Worsaae a inséré ses derniers argumens, comme les autres élémens de toute la discussion, dans le Compte-rendu des actes de l’Académie des sciences de Copenhague (en danois). On peut les résumer comme il suit : le partage que M. Worsaae veut établir dans l’âge de pierre ne se fonde pas seulement, dit-il, sur la diversité du travail qu’ont subi les instrumens, mais encore sur la multiplicité des formes et des circonstances au milieu desquelles nous retrouvons ces objets. Est-il vraisemblable que les tribus du Nord aient construit tout d’abord ces magnifiques dolmen qui comptent parmi les principaux monumens du paganisme, et fabriqué ces beaux instrumens en silex, habilement ornés et polis, qu’on retrouve en si grand nombre dans les dolmen du Danemark ? N’est-il pas probable qu’elles aient commencé par ces instrumens frustes et grossiers qu’on ramasse sur les côtes et dans les petites îles danoises, là où les populations primitives ont dû établir leurs premières demeures ? — Pour l’âge de bronze, comment ne pas se rendre aux nouveaux témoignages que les plus récentes fouilles multiplient ? On a trouvé à plusieurs reprises dans ces derniers temps, en ouvrant les tertres funéraires, des troncs de chênes creusés en forme de cercueils, et contenant des cadavres non brûlés, enveloppés d’étoffes tissées en laine, entourés d’armes et d’ornemens en bronze ; on peut voir aujourd’hui les résultats de ces fouilles au musée royal de Copenhague. Or ces cercueils étaient au fond même des tertres ; mais, dans les mêmes tertres, à la partie supérieure, et tout près de la surface, on trouvait souvent des vases de terre contenant des cendres humaines avec des objets de bronze. Il est encore sans exemple qu’on ait trouvé dans un tertre des cendres humaines en bas, et des cadavres datant de l’âge de bronze en haut. Une foule d’autres observations se réunissent d’ailleurs pour faire penser que toute la longue période de l’âge de bronze s’est réellement partagée de telle sorte que, dans une première époque, les corps ont été ensevelis sans être brûlés, l’usage de l’incinération n’ayant dû s’établir que dans la seconde.

Avec ces derniers résultats, M. Worsaae a publié d’autres études archéologiques qui méritent d’être mentionnées. Il a donné, à la suite de quelques fouilles heureuses, un commentaire inattendu d’un usage païen du Nord, que le passage suivant d’une saga danoise attestait, sans qu’on pût jusqu’à présent en obtenir la confirmation : « Le roi Harald Hildetand ayant été tué dans la bataille de Braavalla, son rival, le roi Sigurd Ring, fit placer son cadavre sur le char dont Harald s’était servi pendant le combat, puis il fit tuer son propre cheval, pour l’ensevelir tout sellé avec le mort, afin que celui-ci pût faire son voyage au Walhalla, selon son gré, à cheval ou sur son char. » En effet, divers objets de harnachement, qui ne parais-