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ils savent parfaitement se tirer d’affaire, et peuvent même, dès qu’on leur fournit un modèle ou un plan, résoudre facilement certaines complications. C’est à ce point de vue surtout que deviennent utiles plusieurs livres où l’on s’efforce de rendre accessibles les indications techniques sur ce sujet trop négligé, et un de ceux que nous signalerons de préférence est le Traité des constructions rurales de M. L. Bouchard-Huzard[1]. Sans nous étendre, avec l’auteur du livre, sur le travail des nombreux ouvriers qui concourent à la construction d’un bâtiment agricole, il est bon de dire tout de suite que la profondeur donnée à ce bâtiment a une importance majeure. On ne trouve plus facilement aujourd’hui, du moins on ne trouve plus à bon compte de grands et forts arbres. Ceux d’une portée exceptionnelle acquièrent tout aussitôt une valeur vénale hors de proportion avec leurs dimensions. Les propriétaires qui construisent feront bien de se préoccuper de cette difficulté. Une cloison, un mur même, coûtent souvent meilleur marché qu’une poutre un peu forte; on devra donc, soit avec des bois debout employés comme soutiens, soit à l’aide d’assemblages, soit surtout en évitant les grandes portées, ne pas s’exposer à de coûteux achats. C’est alors qu’interviennent utilement les appentis et toutes ces combinaisons, peu gracieuses, mais économiques, qui permettent de couvrir la même surface à moindres frais. Remarquons encore qu’à une époque où le luxé et le comfort se généralisent, on aurait tort d’élever nos constructions nouvelles sur le modèle des anciennes. Sans être aussi grands seigneurs que les grands fermiers de l’Angleterre, les fermiers d’aujourd’hui exigent, — et ils ont raison, — une habitation qui soit en rapport non-seulement avec leurs travaux, mais aussi avec leurs nouvelles habitudes. Le corps de logis qu’ils occuperont sera donc situé de telle sorte que de leur porte ou de leur fenêtre ils puissent surveiller facilement la cour où circulent les hommes, les bâtimens où sont renfermés les bestiaux et les récoltes. Un léger écartement entre ce corps de logis et les autres constructions aura l’avantage de faciliter la circulation de l’air et de permettre qu’on égaie les abords de la maison par quelques plantations de fleurs.

Ce n’est point cependant cette partie des constructions d’une ferme qui doit nous arrêter. C’est l’habitation des animaux qui nous montrera surtout l’architecture agricole aux prises avec quelques difficultés spéciales. Aussi ne craindrons-nous pas ici d’entrer dans quelques détails qui viennent compléter sur plus d’un point nos études précédentes sur le rôle des animaux dans l’agriculture[2].

Les animaux que l’on engraisse se trouvent bien d’une certaine obscurité jointe à une douce moiteur, et par conséquent à un peu de raréfaction de l’air qu’ils respirent; mais il en est autrement des bêtes qu’on élève et de celles qu’on garde longtemps pour en utiliser le travail ou les produits. Elles ont besoin de logemens plus secs et plus sains, où la lumière pénètre largement, où l’air se renouvelle sans obstacle. On devra donc enlever souvent le fumier, laver les auges et les râteliers, reblanchir les murs et les plafonds, à l’occasion même assainir avec du lait de chaux, du chlorure de chaux ou du sulfate de fer, le sol qui s’imprègne de jus nauséabonds.

  1. 2 vol. grand in-8o, chez Mme veuve Bouchard-Huzard.
  2. Voir la Revue du 1er avril et du 1er juillet 1862.