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sans qu’on ait besoin d’ouvrir la grande porte. Toutes ces précautions doivent être prises pour rendre plus difficiles les nocturnes visites des fouines ou d’autres animaux carnassiers.

Au milieu de la cour qu’entourent les bâtimens ruraux s’amoncelle le fumier. Un mur n’est pas indispensable pour en enclore et en protéger la masse : un toit qui lui serve d’abri contre les rayons du soleil et les eaux pluviales coûterait presque toujours trop cher; mais on doit soigneusement lui réserver une aire assez grande. Pour être bien faite, la fosse à fumier, comme on dit souvent, sera construite de telle sorte qu’elle puisse recevoir, si l’importance de la ferme l’exige, deux tas voisins, l’un que l’on accumule en vue de le faire fermenter, l’autre dont la fermentation est accomplie, et qui fournit les engrais nécessaires. Entre les deux tas se trouvera la citerne, ou tout au moins le trou dans lequel s’écouleront les purins.

Le personnel de la ferme et les animaux qu’elle entretient n’ont pas seulement besoin d’abris pour eux-mêmes et pour les choses à leur usage; il est encore un service des plus importans dont fera bien de se préoccuper l’homme qui bâtit une ferme : nous voulons parler du service de l’eau. La cuisine des hommes, la préparation des boissons fermentées, les lessives, les soins de propreté des personnes et le nettoyage du matériel et des chambres, l’abreuvement des animaux et leurs bains, tout cela demande beaucoup d’eau. Si donc on n’a pas sous la main une source ou un ruisseau, il faut recourir à des moyens artificiels. Les eaux de pluie, réunies par des gouttières ou amenées par les pentes du terrain, peuvent aboutir à des mares ou à des citernes; mais ces eaux-là sont rarement propres. De longues lignes de drains peuvent aller demander aux pièces de terre voisines leur eau souterraine; mais cette eau-là n’est d’ordinaire ni assez aérée, ni assez débarrassée des sels qu’elle a dissous sur son parcours. Les sécheresses dont nos animaux ont tant souffert en 1858 et en 1859 prouvent d’ailleurs que la pluie et les tuyaux de drainage n’assurent pas toujours une provision d’eau suffisante. Les puits même sont parfois mis à sec. Cependant ce sont encore les puits qui, à défaut de sources à fleur de terre, peuvent ordinairement le mieux alimenter d’eau les habitans d’une ferme. Un géologue praticien que tout le monde connaît de nom, M. l’abbé Paramelle, a, dans un livre excellent à consulter, donné sur la recherche des nappes d’eau souterraines les plus utiles conseils. La quantité et la qualité des eaux dont on dispose exercent une trop puissante influence sur la santé des hommes et des animaux pour qu’on néglige cette question, qui du reste varie quelque peu suivant les animaux dont il s’agit. Ainsi le cheval et le mouton veulent une eau plus pure que celle dont le bœuf se contente.

Tels sont quelques-uns des principes applicables à l’habitation et à l’hygiène de nos animaux domestiques. Nous pourrions encore suivre l’architecture rurale dans une autre série de travaux, étudier par exemple les constructions destinées à servir d’abri aux récoltes ou aux produits de la ferme, celles qui peuvent être consacrées à des industries annexes, ou enfin celles qui ne s’appliquent qu’à des accessoires, comme le sont les clôtures, les barrières et les chemins. Il nous a suffi de montrer une fois de plus combien sont nombreuses les notions scientifiques qui intéressent l’agriculture. Cultiver la terre ne doit plus être un métier grossier et aveugle, un