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été faits que par hasard. En cherchant bien, les hydrographes trouveraient sans doute les chaînes de montagnes sous-marines, à profondeur moyenne, qui relient ces archipels entre eux et avec la côte d’Afrique. Le point capital à constater est que l’on peut aller d’Europe au Sénégal sans franchir des distances plus grandes que les distances abordées avec succès par la télégraphie dans d’autres mers, sans descendre à des profondeurs supérieures aux profondeurs trouvées dans la Méditerranée. Entre le Cap-Vert et le continent américain, les renseignemens font défaut. Une seule ligne de sondages due à la marine des États-Unis indique, beaucoup plus au sud que la route projetée, une profondeur supérieure à 6,000 mètres. Cependant les marins anglais ne croient pas qu’il y ait plus de 5,000 mètres d’eau. Ce serait encore trop pour un câble télégraphique. Tant que l’on ne sera pas plus exactement renseigné sur la géographie de l’îlot Saint-Pierre ou Saint-Paul, il ne faut pas compter sur ce point pour diviser le câble en deux sections ; tout au plus peut-on espérer que la mer est moins profonde dans son voisinage. Dans l’état actuel de la science, ce serait assurément une entreprise téméraire de vouloir franchir la distance considérable qui sépare le Cap-Vert du cap Saint-Roch.

Considérée au point de vue climatérique, la ligne du Portugal au Brésil coupe l’équateur et traverse la partie la plus chaude de l’Atlantique, ce qui est un inconvénient pour la conservation des câbles jusqu’au moment de la pose. Par compensation, c’est pendant toute l’année une région paisible ; les ouragans des Antilles ne s’étendent pas si loin ; sur une partie du trajet règnent les calmes équatoriaux et les vents alizés, qui ne sont jamais assez violens pour nuire à l’opération de l’immersion.

Ainsi, en résumé, jusqu’au Cap-Vert, aucune difficulté plus grave que celles que l’on a rencontrées dans la Méditerranée, mais au-delà l’inconnu, peut-être des profondeurs trop considérables, à coup sûr une longueur de câble énorme, plus de 3,000 kilomètres. Et puis aborder le Brésil n’est pas une solution satisfaisante du problème de la télégraphie transatlantique. C’est l’Amérique du Nord et non l’Amérique du Sud qui mérite les sacrifices d’une grande ligne sous-marine.

Le second projet qui va nous occuper part du Portugal, touche aux Açores, à Saint-Pierre-Miquelon, et aboutit à Boston ou à tout autre point voisin du littoral américain. Moyennant un faible allongement de parcours, le point de départ pourrait être pris à Brest, et les Açores seraient reliées directement à la France. Ce projet est d’un intérêt éminemment français ; aussi la concession de cette ligne a-t-elle été demandée plusieurs fois au gouvernement. Il existe