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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 47.djvu/404

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LE
PAIN A PARIS

II.
LA RÉGLEMENTATION MODERNE ET LA LIBERTE.

Le système réglementaire qui a pris fin le 1er septembre 1863 a pour point de départ un arrêté du gouvernement consulaire en date du 19 vendémiaire an X (11 octobre 1801). Les partisans de ce régime, ayant à cœur de le mettre sous la protection d’une grande autorité, nous le présentent comme une inspiration spontanée du premier consul, et comme s’il était sorti tout d’une pièce de ce cerveau fiévreux où tant de choses s’élaboraient en même temps. Cette impression, à peu près générale, n’est pourtant pas exacte. Pendant une existence de soixante-deux ans, le règlement de 1801 a subi des transformations qui en ont dénaturé le caractère primitif et la portée commerciale. On sait par exemple que l’idéal du premier consul, en réorganisant la boulangerie parisienne, était de créer une corporation forte et riche, réalisant d’assez gros bénéfices en temps ordinaire pour qu’on pût rejeter sur elle les mauvaises chances des disettes. Au contraire, la boulangerie s’est tellement obérée, est devenue si chétive qu’elle a provoqué par l’importunité de ses plaintes l’expérience économique dont elle s’effraie peut-être un peu au moment décisif. De pareils mécomptes ont presque toujours lieu quand l’autorité se substitue au libre commerce avec la prétention d’assurer les subsistances : les administrateurs sont do-