As-tu juré de me mettre en colère ? De quelle lettre s’agit-il ?
Eh ! monsieur, de la lettre de Lisette, que votre ami, le comte de Noirmont, m’avait ordonné de reprendre à tout prix à Dorothée.
Quel conte est-ce là ? Dorothée n’est-elle pas allée avec la lettre fatale dans la chambre de ma femme ? Ne la lui a-t-elle pas donnée ?
Eh ! non, monsieur, c’est impossible, puisque la voici.
La lettre ! (Il s’en empare.) Ah ! donne, mon pauvre Dubois ! (Apres avoir lu, à lui-même.) La découverte de cette dernière faute, l’impitoyable rigueur d’Isabelle, son mépris, tout cela n’était qu’un rêve terrible, un supplice infligé par Noirmont. (On entend frapper à la porte.)
Ouvre ! ouvre donc !
Cher tuteur, quelle dure leçon !
Avoue que tu l’avais bien méritée !…
Comment racheter ma faute ? Comment expier le mal que je t’ai fait en cherchant à te cacher mes égaremens passés ?
Ne parlons plus de quelques momens de souffrance : tes deux noms, Henri ou Pompée, me sont également chers.
Mon Isabelle !
Mon ami, il faut me ménager : il est des femmes fortes, nées pour la jalousie, la lutte, le combat, surveillant, disputant le cœur de leur mari comme le paysan défend son coin de terre ; il en est d’autres qui n’ont reçu du ciel que la force d’aimer.
Jamais à l’avenir plus de secret entre nous.