Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 50.djvu/807

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

celles du lieutenant civil; mais il ne suffisait pas, dans ces matières délicates où la sécurité des citoyens et le bon ordre de la capitale étaient directement engagés, de procéder à une répartition d’attributions plus ou moins bien étudiée, il fallait voir à l’œuvre l’organisation nouvelle. Une lettre du 24 juin 1667 au chancelier Séguier, la première qu’on ait de La Reynie, montre son activité ferme et prudente. Après avoir informé le chancelier que les assemblées qui jusque-là s’étaient réunies pour s’occuper de la propreté des rues de Paris lui paraissaient désormais inutiles, il ajoutait : « Nous faisons tous les jours quelque progrès dans les matières de police, et le bien qui peut en réussir est d’autant plus considérable qu’il se fait sans bruit et qu’il donne lieu à tous les habitans de cette ville d’espérer un fruit considérable de la bonté que le roi a eue de vouloir établir l’ordre et la règle dans Paris. » Établir l’ordre et la règle, tel fut en effet le but des premières mesures de La Reynie. Quelle était à cette époque l’organisation administrative de la police parisienne? De quel personnel disposait le magistrat placé à sa tête? La dépense affectée à ce service était-elle considérable ? Autant de questions intéressantes que nous nous sommes posées; mais rien, dans les documens connus, n’y répond avec toute la précision désirable, et il est bien à craindre que les pièces qui en auraient fourni les moyens n’aient été détruites. Si l’on remonte au XVIe siècle, on voit le guet des métiers organisé sur le pied d’une milice urbaine; mais son insuffisance, sa faiblesse peut-être, ayant été constatée, on créa un guet royal composé d’abord de 20 sergens à pied et de 20 sergens à cheval, qui fonctionna concurremment avec celui des métiers. Une organisation pareille ne pouvait durer longtemps sans amener des conflits dangereux. Henri II décida que le guet royal porté à 272 hommes, dont 32 à cheval, serait seul chargé de veiller à la sûreté des Parisiens. Réduit on ne sait pourquoi par Charles IX, modifié sans doute encore après lui, ce corps fut augmenté par Colbert de 120 cavaliers et de 160 fantassins, qui prirent le nom d’archers du guet. Les auxiliaires du lieutenant-général vers la fin du XVIIe siècle étaient des conseillers, des commissaires, des inspecteurs, des greffiers, des officiers gradués. Les derniers enfin dans la hiérarchie, mais les plus redoutables aux malfaiteurs, étaient les exempts chargés d’opérer les arrestations. Quant à la dépense, les budgets du temps ne la donnent que pour un seul point, le pavage de Paris, qui s’éleva à 137,000 livres la première année du ministère de Colbert, et qui, déclinant sans cesse depuis, était tombée, vingt ans après, à 50,000 livres.

Deux déclarations, l’une de 1660 et l’autre de 1666, avaient interdit le port d’armes aux particuliers. Cependant les laquais et