Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 50.djvu/862

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

souvent de son autorité pour absorber les ressources à sa portée. Tant qu’a duré le gouvernement de 1830, après la crise des premières années, le trésor public n’a demandé à la Banque aucune avance; après la révolution de 1848, les avances ont commencé. Elles n’ont été d’abord que provisoires: puis le moment est venu où, le trésor ne pouvant pas s’acquitter, il a fallu les consolider, et c’est ainsi que le capital de la Banque, même doublé en 1857, y a passé tout entier. Les banques départementales seraient, il faut l’espérer, un peu plus à l’abri de ces exigences; elles pourraient conserver la plus grande partie de leur capital en numéraire.

Reste le grand cheval de bataille, l’unité du billet de banque. Je ne conteste en aucune façon les avantages de cette unité, bien que je n’admette pas l’assimilation du billet de banque à la monnaie. Le billet de banque n’est une monnaie qu’autant qu’il a cours forcé, et tout le monde repousse le cours forcé. Ce qui est vrai, c’est que le billet de banque, étant plus commode que la monnaie, se substitue avantageusement à elle dans un grand nombre de transactions, et cette substitution rencontre d’autant plus de facilité que le billet de banque est plus généralement connu et accepté; mais il n’est ni impossible ni même difficile de concilier avec la pluralité des banques, sinon l’unité proprement dite, du moins tous les avantages de l’unité. Il suffit que la loi constitutive les oblige à s’ouvrir réciproquement des crédits, à rembourser leurs billets à présentation, à tirer les unes sur les autres, sous la condition expresse de régler leurs comptes tous les mois ou même tous les quinze jours. Un mécanisme analogue existe de temps immémorial en Écosse et y fonctionne parfaitement. On peut ordonner, en outre, conformément à la loi de l’an XI, que les billets se fabriqueront tous dans le même établissement sous la surveillance d’un syndicat, qu’ils auront tous la même apparence extérieure et ne se distingueront les uns des autres que par le nom de la banque et les signatures des administrateurs. Croit-on que, dans ces conditions, ces huit ou dix espèces de billets ne circuleraient pas tout aussi bien qu’une seule? On a parlé de billets émis par le gouvernement et distribués aux banques sous certaines conditions, comme à New-York. Cet expédient résoudrait encore la difficulté, mais il n’est pas nécessaire. L’association suffit.

Les défenseurs du billet unique distinguent entre les opérations des banques. Ils réclament pour une seule le droit d’émission, et font bon marché du reste. « Si l’émission n’est pas libre, disent-ils, le dépôt et l’escompte le sont. Faites autant de banques de dépôt et d’escompte que vous voudrez, vous en avez le droit, mais à condition que vous n’émettrez pas de billets de banque. » Cette thèse n’est