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rien ses livres et ses brochures. Le travail purement honorifique des membres de la commission supérieure et le dévouement des agens subordonnés, qui offrent leurs services en échange d’un salaire presque nominal, doivent être, sinon portés au chapitre des recettes, du moins défalqués de celui des dépenses. L’ensemble des frais de toute espèce, représentant le traitement des employés, les dépenses de loyer, de transport et de correspondance, la détérioration des articles et la perte de quelques fourgons capturés par l’ennemi, n’est pas même de 3 pour 100, comparé au chiffre total des recettes. Presque tous les fonds recueillis peuvent donc être appliqués directement à l’amélioration du sort des soldats.

En Amérique, personne ne l’ignore, l’art de captiver le public par des annonces est pratiqué de la manière la plus habile. La commission sanitaire, sachant que sa cause se recommande d’elle-même, n’a besoin d’aucun artifice de langage pour attirer les contributions volontaires; mais elle ne cesse d’exposer les faits et de faire appel à l’intérêt bien entendu et au patriotisme de tous, soit dans son propre journal, soit par l’entremise des centaines de feuilles qui lui ouvrent leurs colonnes. Dès l’abord, elle eut l’idée de s’adresser aux compagnies d’assurance en cas de décès, et démontra sans peine qu’elle sert leurs intérêts financiers en travaillant à prolonger l’existence des blessés et des malades. Elle se tourna ensuite vers chaque série d’institutions financières, industrielles et commerciales, et fit ainsi en détail la conquête de la nation. Les comités auxiliaires des grandes cités, les simples groupes de femmes chargés de recueillir les contributions des petites villes et des villages, ont également recours à une publicité des plus actives pour réchauffer le zèle des donateurs. Dans le grand concile des femmes américaines tenu à Washington le 15 janvier 1864, une dame de l’Illinois racontait plaisamment qu’afin d’augmenter l’abondance des présens, elle avait imaginé de remplacer les appels généraux par des circulaires spéciales demandant l’envoi de chaque article nécessaire au service des hôpitaux. Commençant par la circulaire des oignons, elle lançait ensuite avec le plus grand succès la circulaire des confitures, puis celle des fruits ou des pommes de terre : cette méthode d’annonces successives produisait et produit encore les meilleurs résultats.

Dès l’origine de l’œuvre, les dames américaines n’avaient pas négligé non plus de faire de temps en temps et en divers endroits des ventes de petits objets au profit de la commission sanitaire. Ces ventes sont devenues rapidement populaires, elles se sont multipliées, et l’importance s’en est graduellement accrue. Récemment on a eu l’idée de transformer ces ventes en de véritables expositions