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L’ANGLETERRE
ET
LA VIE ANGLAISE

XXIV.
MŒURS ET PAYSAGES DE LA CORNOUAILLE.

III. — L’INSTITUTION DES LIFE-BOATS ET LES CANOTS DE SAUVETAGE.

Le conseil du commerce (Board of trade) présente chaque année au parlement anglais une carte des naufrages (wreck chart) avec le champ des mers britanniques tout tacheté de points noirs. Chacun de ces points noirs représente un désastre, une tombe ouverte au fond de l’abîme, souvent pour des centaines de personnes. On dirait les étoiles de la mort. Cette carte proclame qu’en 1863 mille six cent-deux naufrages ont eu lieu sur les côtes du royaume-uni. Qui s’en étonnerait? La mer est la grande route des Anglais. Quatre cent mille vaisseaux par an s’éloignent des côtes ou entrent dans les ports des îles britanniques. Ces côtes sont dangereuses et souvent visitées par la tempête. Il faut y avoir vécu pour savoir quelle est la violence des vents déchaînés. Dans l’intérieur même de la contrée, on n’est point à l’abri de ces bourrasques. L’Angleterre, on l’a dit, est un grand vaisseau. Les rafales d’octobre et de décembre, les furieux coups de vent de l’équinoxe gémissent entre les cheminées des villes comme à travers les agrès d’un navire aux abois.