Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 51.djvu/419

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

telles que celles sur les servantes, les charrettes, les chariots, les maisons ayant moins de sept fenêtres, et le demi-penny par livre pour les chandelles. Le budget de 1791 ayant laissé un boni disponible de 500,000 liv., il proposa d’employer 400,000 liv. au rachat de la dette, 100,000 livres aux dépenses de l’armement occasionné par le différend avec l’Espagne, et de supprimer immédiatement la surtaxe mise l’année précédente sur le malt. Il exprima la confiance que d’autres réductions pourraient être faites successivement, si des circonstances imprévues ne venaient pas arrêter les progrès de la prospérité nationale en troublant une paix qui lui paraissait devoir être de longue durée. Il espérait aussi qu’il serait possible d’accroître la dotation de l’amortissement, et de ses calculs il résultait qu’elle atteindrait en 1808 le chiffre de à millions de livres. Il établit ensuite qu’on pourrait sans inconvénient réaliser une économie de 200,000 liv. sur les services de la marine et de l’armée en réduisant de 18,000 à 16,000 le personnel de la flotte, et en s’abstenant de renouveler le traité de subsides précédemment conclu avec la Hesse. Enfin, après avoir démontré que le progrès du revenu public avait été constamment en rapport avec celui de la richesse nationale, du commerce et des manufactures, Pitt expliquait à quelles causes il croyait pouvoir attribuer ces brillans résultats. Ces causes étaient d’abord le caractère énergique et industrieux de la nation anglaise, qui, secondé par l’invention et l’emploi des machines ainsi que par le crédit, assurait aux négocians anglais une supériorité incontestable sur les marchés étrangers; son esprit d’entreprise, qui s’était manifesté avec tant d’éclat par l’acquisition de nouveaux marchés dans les diverses parties du globe, et avait été favorisé aussi bien par le traité de commerce passé avec la France que par les troubles qui agitaient ce royaume; enfin son esprit d’économie, qui avait pour conséquence l’accumulation des capitaux, et par suite, comme l’avait si bien démontré le célèbre Adam Smith, l’augmentation de la richesse nationale. Telles étaient les causes immédiates de la prospérité de l’Angleterre; mais elle le devait aussi à d’autres non moins importantes.


« Ces causes (disait Pitt) sont évidemment et nécessairement liées avec la durée de la paix, dont le maintien sur des bases solides et permanentes doit être constamment l’objet principal de la politique étrangère de ce pays. Elles le sont plus particulièrement encore avec la conservation de la tranquillité intérieure et les effets naturels d’un gouvernement libéral et bien réglé. A quoi en effet attribuer ce progrès réalisé dans les cent dernières années avec une rapidité dont on ne trouve aucun exemple aux diverses époques de notre histoire, si ce n’est au calme qui a régné dans ce pays, d’une façon inconnue jusqu’alors, sous le gouvernement juste et modéré des princes illustres de la maison de Hanovre, et aussi à la jouissance