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être escorté ou faire partie d’un convoi escorté par des vaisseaux de l’état, et pour prix de ce service un léger droit ad valorem dut être perçu sur toutes les marchandises importées ou exportées, et un autre fixe sur tous les bâtimens partant des ports de la Grande-Bretagne ou y entrant. La modicité de ces droits enleva toute espèce d’intérêt à la fraude, et cependant en 1799 ils produisirent 1,292,000 livres sterling.

Les derniers emprunts avaient été contractés à des conditions fort onéreuses pour le trésor, et il n’était pas permis d’en espérer de meilleures aussi longtemps que le prix des fonds publics ne serait pas plus élevé. Préoccupé de cette situation, Pitt résolut de relever le cours de la rente en faisant disparaître du marché une partie des titres qui l’encombraient. Sans aucun doute, l’action continue de l’amortissement concourait à ce résultat, mais elle était presque insensible eu égard à l’abondance de la marchandise, et il fallait un remède d’une efficacité immédiate. En 1692 avait été établi un impôt foncier, land tax, fort mal réparti à cette époque, et qui depuis lors n’avait subi aucune modification dans son assiette malgré les changemens survenus dans la valeur de toutes les propriétés. Pour ne citer qu’un exemple, la ville de Liverpool n’était imposée qu’à 100 livres sterling, montant de la quote-part à laquelle elle avait été assujettie lorsque son emplacement n’était encore qu’un terrain de peu de valeur. Calculé dès le principe à raison de à shillings par livre, il portait sur les revenus territoriaux de toute nature, ainsi que sur les dîmes et rentes foncières. Il produisait 2 millions de livres environ, et était soumis au vote annuel du parlement. Pitt pensa que si le rachat en était permis au taux de. 5 pour 100, outre l’avantage de le faire disparaître, et d’avoir ainsi la faculté de le remplacer plus tard par un autre mieux réparti, la somme de 40 millions de livres sterling qui en proviendrait pourrait être employée à réduire le montant de la dette publique. Dans l’exposé du plan qu’il soumit au parlement le 2 avril 1798, il commença par rappeler que, malgré la guerre, le commerce et l’industrie du pays avaient fait depuis cinq ans des progrès remarquables, que ses revenus avaient augmenté, que sa prospérité et sa richesse étaient plus grandes qu’à aucune époque antérieure, et que la valeur de la propriété foncière n’avait subi aucune dépréciation. Le prix seul de la rente avait diminué, et il fallait le relever. L’impôt sur la terre en offrait le moyen. Dès l’origine, il reposait sur des bases vicieuses qui chaque jour l’étaient devenues davantage, et on avait toujours reculé devant la difficulté de le corriger. On ne pouvait compter sur le succès d’une nouvelle tentative, et il fallait dès lors chercher à le supprimer : dans cette vue, il importait d’offrir à ceux qu’il grevait la faculté de s’en affranchir d’une façon également avan-