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Report 71,000,000 l. st.
Revenu du commerce intérieur 18,000,000
— de l’industrie et des arts 10,000,000
— des créances sur l’état 15,000,000
— des dîmes de l’église 5,000,000
— provenant d’autres pays 5,000,000
124,000,000 l. st.
Déduisant pour les revenus au-dessous de 60 livres, entièrement exempts de la nouvelle taxe, et pour ceux de 60 à 200 livres, imposés en moyenne au 50e 23,000,000
il restait 101,000,000 l. st.

imposables au 10e, et le produit de la nouvelle contribution pouvait dès lors sans exagération être évalué à 10 millions de livres sterling.


Les besoins étant de 23,000,000 environ, le ministre proposa d’emprunter tout de suite pareille somme et d’affecter à la garantie et au remboursement de l’emprunt, au fur et à mesure des recouvremens, le produit du nouvel impôt. Le plan de Pitt fut vivement discuté. Les uns lui reprochèrent de manquer à la foi due aux créanciers de l’état en comprenant dans leur revenu imposable le montant de la rente à laquelle ils avaient droit; d’autres exprimèrent l’opinion que les profits de l’industrie ne sauraient être assimilés à ceux de la taxe, parce qu’à chiffre égal ils ne représentaient pas le même capital, qu’il y avait une distinction essentielle à faire entre eux, et que si le revenu devait être pour la propriété foncière la base de la nouvelle taxe, le capital devait l’être pour l’industrie et le commerce. Quelques-uns même, allant plus loin, demandèrent une exemption complète pour les négocians et les industriels, prétendant qu’ils étaient les seuls membres utiles de la société, tandis que les propriétaires fonciers y constituaient une classe parfaitement improductive à laquelle il était conséquemment juste d’en faire supporter toutes les charges.

A la première objection, Pitt répondit en posant les vrais principes sur la matière, et il est bon de les rappeler à cause de leur importance. Ce n’était pas manquer, dit-il, aux engagemens de l’état que de faire contribuer individuellement les créanciers à une charge imposée dans l’intérêt de tout le monde. Sans doute, en ce qui concerne la sûreté et l’intégrité de leur créance, ils doivent jouir de la sécurité la plus complète, et chaque fois qu’il avait été question d’imposer spécialement la rente, il s’y était opposé parce que la dette contractée par l’état dans des momens de besoin ne saurait, sans faillir à la bonne foi publique, être directement diminuée par le fait du gouvernement débiteur; mais ici la question était toute différente : il s’agissait de pourvoir à des dépenses entreprises dans un grand intérêt commun pour la défense du pays, pour le maintien de son indépendance, et on demandait à chacun d’y participer pour une portion de son revenu afin de lui assurer la conservation du