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plus de 8 pour 100. On l’évita donc au prix d’un sacrifice momentané, lourd à la vérité pour le pays, mais qui n’était pas au-dessus de ses forces, et la seule question à examiner est celle de savoir si Pitt n’aurait pas pu recourir à tout autre moyen moins onéreux. D’une part, dans la situation où se trouvait la dette flottante, il était impossible de faire une émission de 10 millions de bons de l’échiquier, et il fallait réserver cette ressource pour les besoins courans du trésor ; de l’autre, on avait tellement usé depuis sept ans des impôt de consommation qu’on aurait risqué, en leur demandant une somme aussi considérable, de réduire la matière imposable elle-même, qu’il était prudent de ménager en vue des besoins à venir. Restait donc la ressource d’un impôt direct extraordinaire, et celui sur le revenu parut d’autant plus convenable à Pitt qu’il n’était pas nouveau dans le pays, et s’y percevait chaque jour pour le service des paroisses et comtés sous le nom de local taxations. Etabli comme impôt de guerre, l’income-tax fut conservé à ce titre jusqu’en 1803 et remplacé alors, sur la proposition de M. Addington, par le property-tax.


IV. — SUBSIDES A LA RUSSIE. — REJET DES OUVERTURES DE PAIX DU PREMIER CONSUL. — DISCOURS DE PITT A CE SUJET. — SITUATION DE L’ANGLETERRE EN 1800. — QUESTION CATHOLIQUE. — RETRAITE DE PITT.

La paix entre la France et l’Autriche ne fut pas de longue durée. Il avait été convenu dans les conférences de Campo-Formio qu’elle serait conclue aussi avec l’empire, et qu’un congrès serait tenu à Rastadt pour en discuter les conditions. Les plénipotentiaires des divers états s’y réunirent, et ceux de la France, ne se contentant plus pour elle de la cession de la rive gauche du Rhin, demandèrent plusieurs places sur la rive droite, et refusèrent de prendre à sa charge la dette des pays qu’on lui abandonnait. D’un autre côté, cette puissance imposait à la Suisse une forme de gouvernement antipathique à ses goûts et à ses mœurs, s’emparait de Rome, en expulsait le pape, et substituait à son autorité un pouvoir démocratique. De pareilles prétentions et de semblables procédés rendaient tout accord bien difficile. Sur ces entrefaites, l’empereur de Russie, Paul Ier, ayant offert à l’Autriche son concours armé si elle consentait à renouveler la guerre, un traité dans lequel intervint l’Angleterre fut conclu entre les trois puissances. La Russie fournit un corps d’armée de 45,000 hommes, qui fut immédiatement mis en marche, et outre un subside mensuel de 75,000 l. st. l’Angleterre s’engagea à lui verser sur-le-champ une somme de 225,000 l. st. pour subvenir aux premiers frais. Le congrès fut ainsi rompu et les hostilités sur le continent recommencèrent. Le général Souvarof, à la tête des forces russes et autrichiennes, entra en Italie, enleva