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vice : .il en résultera en nombre rond la contenance d’un canal d’une lieue de long sur 3 mètres de section[1].

Maintenant sur quel personnel repose la mise en activité de l’exploitation? Depuis les petites stations, où sont préposés un chef et un facteur, jusqu’aux gares de premier ordre, qui occupent 100 hommes et au-delà, on peut compter dans les 375 gares du réseau de l’Est 5,000 employés, auxquels s’ajoute le personnel des trains, des dépôts de machines, des remises de carrosserie, des ateliers de réparation du matériel, celui des équipes de redressement de la voie, enfin celui du service central, en tout 14,000 employés environ, manœuvrant ensemble comme une armée sous la direction d’un chef de qui tout relève. L’action de celui-ci s’étend en outre sur de nombreux services accessoires, le camionnage, le factage, la correspondance, etc. Quant aux objets qui ressortent du service proprement dit, l’énumération en est impossible. Le trafic d’un chemin de fer touche à tout, se heurte à tout. Le contrôle, le contentieux, les relations internationales, les rapports avec les administrations publiques, tiennent autant de place dans l’exploitation que l’art technique et le commerce. Tel est le cercle immense dans lequel se meut l’activité du directeur d’un chemin de fer; voilà sur quel chaos apparent il règne, au milieu de quels élémens de trouble il doit assurer la sécurité de plusieurs milliers de voyageurs circulant par jour. Cependant, malgré tant de chances menaçantes, les accidens sont très

  1. Jusque dans les menus objets, on reste stupéfait des quantités accumulées. Nous avons sous les yeux l’état annuel d’un économat de chemin de fer. L’approvisionnement est immense : 30,000 mètres de drap pour la garniture des voitures et l’habillement des employés, 30,000 de toile pour le même usage, 50,000 kilogrammes de vernis, autant d’essence, et 40,000 d’huile de lin pour les peintres, 433,000 kilogrammes d’huile à brûler, 96,000 balais, 111,000 verres de lampe, etc. Dans le compte des ateliers figurent 23,000 limes, 77,000 manches d’outils, 14,000 kilogrammes de petits clous de fer, 474,500 goupilles et 194,000 rondelles. Le compte de papeterie s’élève à près de 700,000 francs; on y trouve environ 4,000 types d’imprimés de service. Ces petites cartes que le bureau de places délivre aux voyageurs sont encore un exemple saisissant des complications qui existent dans les moindres détails de l’exploitation. Il y en a 200 modèles; on fabrique la matière première en collant 16 feuilles de papier les unes sur les autres; puis viennent le laminage, le parage, la couleur et le découpage. La fabrication proprement dite de billets occupe, au siège même de la compagnie, un atelier de 7 machines. Pour les transmettre aux gares, les y conserver en sûreté, les timbrer au fur et à mesure qu’on les délivre, les contrôler en route, les recevoir à l’arrivée, les vérifier après coup et les détruire, on entretient un personnel nombreux, un mobilier et un outillage considérables. Les machines à imprimer fixent d’un seul coup, à raison de 3,000 cartes par heure, les indications de route, le numéro d’ordre et les signes mystérieux qui servent à prévenir la fraude. Que dire après cela des approvisionnemens en bois, fers, pierres et autres matériaux encombrans? On devine à quelles mesures administratives il faut recourir pour diriger tout ce monde, hommes et choses, et empêcher un coulage désastreux.