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cepté l’administration, disait le rapporteur, nous avons trouvé les finances dans un état peu satisfaisant. La police était démoralisée, d’abord par des retards dans le paiement de sa solde, ensuite par les exactions qu’elle exerçait sur les contribuables chinois, et qui donnaient lieu à des plaintes journalières... Pour asseoir les finances sur une base stable, nous avons nommé une commission mixte se composant d’un membre du conseil, de trois personnes préposées à la perception et de quatre Chinois des plus honorables locataires de la concession, avec mission de réviser et de régulariser la matrice de l’impôt. Le travail de cette commission étant terminé, les impôts locatifs se sont perçus d’une manière régulière, et nous avons pu compter sur un revenu bien défini. » La suite du rapport donnait le détail des recettes de l’année allant du 1er avril 1862 au 31 mars 1863 : le total s’élevait à 439,713 fr. 76 cent., provenant de l’impôt foncier sur les Chinois, des taxes sur les bateaux, sur les débits de boisson, sur les maisons de jeu, et de l’impôt foncier sur les Européens, mais dans une proportion très faible. Le conseil rendait compte en même temps des travaux qu’il avait exécutés. Système d’écoulement pour les eaux, deux nouveaux ponts sur le canal qui limite la concession, suppression des cimetières chinois, qui étaient si nombreux, et qui, à l’époque des chaleurs, devenaient des foyers pestilentiels, achat d’un vaste terrain destiné à la construction d’un hôtel de ville, percement de rues nouvelles, réorganisation de la police, tels sont les résultats obtenus en une année, et l’on peut prévoir de quels progrès ils seront suivis à mesure que s’accroîtront les ressources.

Ne voit-on pas, d’après cet exemple, que les commerçans français ne sont pas moins capables que ceux des autres nations de diriger leurs affaires et de veiller à leurs intérêts? Ne pourrait-on pas de cette heureuse expérience déduire un enseignement pour l’administration de nos colonies? C’est principalement à la Cochinchine, colonie nouvelle, où les intérêts des populations indigènes et du commerce étranger demandent à être menés avec un grand tact, qu’il aurait été bon d’appliquer le genre d’administration qui réussit d’une manière si complète à Shang-haï. Notre commerce doit à ce système une bonne moitié de son développement dans cette partie du monde, et si l’on a eu raison de profiter, pour la guerre, de la prépondérance que les Anglais y avaient acquise depuis longtemps, on aurait été de tout point condamnable en ne cherchant pas à rivaliser avec eux dans la vie des affaires. Il n’y a pas d’autre moyen d’acquérir en Chine la part d’influence à laquelle nous avons droit de prétendre, et de mettre un jour à profit pour nous la suite des événemens qui pourront intéresser dans ce pays la politique euro-