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LES MARBRES
DE
L’ALTISSIMO ET DE CARRARE


I

Le voyageur parti de Livourne sur la voie ferrée qui relie le port principal de la Toscane à sa vieille capitale Florence est bientôt arrivé à Pise, première station du parcours. Là, si au lieu de continuer sa route vers l’ouest, il suit l’embranchement nord de la voie qui atteindra prochainement Gênes, unissant ainsi deux villes autrefois rivales, il peut d’abord admirer tout à son aise, sans descendre de wagon, les quatre monumens qui font la gloire de Pise. Réunis sur la même place, comme pour épargner au touriste la peine de les chercher les uns après les autres, le Dôme, la Tour penchée, le Baptistère et le Campo-Santo sont presque effleurés par la locomotive. Les travaux d’art de la voie et les vieux remparts crénelés de Pise la gibeline, trop étendus pour la ville moderne, tant elle a perdu de son ancienne importance, se touchent pour ainsi dire, et l’on peut embrasser du même regard les merveilles de notre siècle et celles des âges passés. La campagne est riante ; l’olivier y croît au milieu des blés, la vigne s’y enlace à l’ormeau comme au temps de Virgile. À gauche est la mer, qui reçoit les eaux paresseuses de l’Arno. L’embouchure du fleuve est presque barrée par les sables, et une tour en ruine, qui servait jadis de phare, indique l’emplacement de l’ancien port de Pise. Parallèlement à l’Arno court le fleuve Serchio, dont l’embouchure est