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De toutes les provinces brésiliennes qui doivent leur existence aux gisemens aurifères, celle de Minas-Geraes est de beaucoup la plus importante et la plus connue. Son nom reflète assez bien sa physionomie. Un observateur attentif peut étudier à l’aise, dans l’historique de ses phases successives, toutes les vicissitudes par où passe un pays aurifère jusqu’au jour où, ses mines étant épuisées, il se voit peu à peu abandonné de ses habitans, lorsque les circonstances locales ne permettent pas à l’agriculture ou à l’industrie d’en continuer la prospérité. Outre l’immense étendue de ses terrains aurifères, elle présentait le double avantage d’être à la fois à proximité de Saint-Paul, quartier-général des explorateurs, et de Rio-Janeiro, le port le plus beau et le plus vaste de l’Amérique du Sud. Les plaines de Piratininga n’étaient pour ainsi dire qu’une dépendance de la chaîne qui sillonne la province, et les habitans de Rio-Janeiro n’avaient qu’à traverser la vallée du Parahyba pour arriver à l’Itacolumi, la célèbre montagne de l’or. Les caravanes, qui auparavant étaient décimées par les privations, les fatigues et les flèches indiennes avant d’arriver dans les gisemens reculés de l’intérieur, prirent donc le chemin de Minas. D’un autre côté, le voisinage d’un port situé sur la ligne d’Europe les assurait de l’écoulement de leurs produits et du ravitaillement des travailleurs. Aussi vit-on en quelques années des villes florissantes, Villa-Rica, Mariana, Caete, San-Joào-del-Rey, San-Jose-das-Mortes, s’élever comme par enchantement au milieu d’affreux déserts. Les commencemens, on l’a dit, furent bien tumultueux. Sans compter les rivalités individuelles, les luttes soutenues contre les forasteros, il y eut d’abord des résistances acharnées contre les capitaines-généraux et les receveurs du quint envoyés de Lisbonne. Cependant Paulistes et forasteros finissaient toujours par être soumis à grand renfort de troupes portugaises, l’ordre s’établissait, et, n’étaient les contrabandistas, qu’il était impossible d’atteindre dans ces pays si étendus et couverts de forêts inaccessibles, le quint royal était régulièrement payé ; mais on trouve ici un autre trait distinctif à l’avantage des races anglo-saxonnes. Dès que les mineurs californiens