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dite et le sommet de la chaîne, que se trouvent tous les terrains aurifères.

L’examen de la gangue de l’or et la profondeur au-delà de laquelle le filon cesse d’être exploitable révèlent une loi non moins générale que les deux autres. Le métal est presque toujours à la surface, tantôt en pépites isolées ou en paillettes fines dans le sable, tantôt encaissé dans les flancs de la montagne au milieu des filons de quartz qui se sont fait jour à travers les terrains anciens lors de l’apparition de la chaîne centrale. Même dans ce cas, on peut dire que l’or s’est porté à la surface, car, quelque riche que soit un filon, il diminue rapidement de valeur à mesure qu’on creuse dans le sol. C’est aujourd’hui un fait connu de tous les mineurs, et pour l’avoir ignoré bien des compagnies se sont ruinées dans les deux Amériques.

Enfin on peut aussi chercher à préciser le moment de l’apparition de l’or à la surface de la terre et établir que cette époque est relativement récente. Les roches cumbriennes et siluriennes, qui, de l’avis de tous les géologues, sont formées de débris de la première écorce du globe, n’en contiennent pas de trace. Les filons de quartz qui ont apporté le métal de l’intérieur semblent devenir de plus en plus riches et de plus en plus nombreux à mesure que les chaînes de montagnes qui les ont fait naître sont elles-mêmes plus récentes et plus hautes. Le système des Andes, qui, sous différens noms, traverse le Nouveau-Monde dans toute sa longueur, est à la fois le plus élevé, le plus moderne et le plus productif.

Ces phénomènes, qui se vérifient chaque jour dans une zone immense et presque sur toute la circonférence du globe, ne sauraient être l’effet du hasard. Tout obéit à des lois invariables à la surface de notre planète : pourquoi n’en serait-il pas de même à l’intérieur ? pourquoi ne trouverait-on pas dans la disposition des roches et des minerais quelque chose de cet ordre immuable que présentent les élémens les plus mobiles comme l’eau et l’atmosphère ? Essayons donc de deviner ces lois d’après les principes de la physique moderne, et, afin de rendre la tâche plus facile, reportons-nous par la pensée aux premiers âges chaotiques du monde, lorsque la terre, encore incandescente, n’offrait qu’un globe liquide tourbillonnant dans l’espace. Une expérience bien simple, répétée journellement dans les cours de physique, va nous mettre sur la voie. Si l’on prend une sphère creuse en verre contenant jusqu’à une certaine hauteur un liquide quelconque, et qu’on imprime à cet appareil un mouvement de rotation rapide autour de l’axe vertical, on verra les molécules du liquide s’éloigner de l’axe avec d’autant plus de force que le mouvement giratoire sera plus énergique et se porter à la surface dans