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du diamant en si étrange compagnie. Ce qui paraît le plus probable, c’est que, le carbone qui a fourni le diamant étant d’abord dissous dans le quartz, une très petite partie a pu seule cristalliser en arrivant à la surface. Plusieurs faits semblent concorder avec cette hypothèse : d’abord il est à peu près constaté aujourd’hui que la véritable gangue du diamant est le quartz ; les veines noires dont le silex est souvent sillonné, surtout dans le riche cascalhao, indiquent clairement que le quartz était primitivement imprégné de carbone. D’un autre côté, le carbonado, espèce de matière charbonneuse qu’on trouve souvent à côté du diamant, et qui, bien que noir, en rappelle quelquefois l’éclat et la dureté, semble former comme la transition entre le charbon amorphe répandu sans ordre dans le silex et le carbone cristallisé qui a fourni le diamant. On sait combien il est difficile pour la plupart des corps de cristalliser d’une manière régulière, surtout quand il s’agit d’obtenir de gros cristaux limpides à faces unies, à arêtes nettement dessinées. Il faut un liquide homogène, un refroidissement lent, à l’abri de toute agitation, afin que les molécules puissent circuler librement dans le milieu où elles flottent pour venir se grouper suivant des formes géométriques. Qu’on se représente maintenant des torrens de quartz en fusion s’échappant, à travers les flancs des montagnes, des entrailles liquides du globe, et venant s’épandre en nappes immenses au fond des vallées ; toutes les perturbations atmosphériques dans lesquelles se choquent et s’entre-croisent les vents, les pluies et la foudre devaient se succéder sans interruption sur une telle surface. Comment espérer une cristallisation tranquille et régulière au milieu de ce chaos ? La plus grande partie du carbone a dû rester disséminée sans ordre dans la matrice qui la portait : c’est elle qui constitue les veines noires du silex. Une autre portion a essayé de cristalliser ; mais elle est restée charbonneuse, arrêtée sans doute par une pression trop forte ou par quelque autre cause physique : c’est le carbonado des mineurs. Quelques molécules privilégiées, probablement les plus voisines de la surface, ont pu seules se grouper régulièrement. Ces mêmes perturbations expliquent le petit volume auquel ont dû s’arrêter la plupart des diamans. La cristallisation du bore et du silicium, ces deux frères du carbone, obtenue tout récemment dans l’alumine par un de nos plus habiles chimistes, semble encore ajouter une analogie de plus en faveur de cette formation diamantifère.

Le Brésil, qui depuis plus d’un siècle a fourni de diamans le monde entier, n’en a encore produit que deux remarquables par leur grosseur ; l’un et l’autre ont été trouvés par hasard à un demi-siècle d’intervalle dans des endroits complètement obscurs. Le premier, appelé diamant de l’Abayté, fut rencontré en 1800 dans le