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bien le développement que les colonies australiennes ont acquis est-il factice et temporaire ? Examinons donc si la géographie peut fournir une réponse satisfaisante à ces questions.

L’Australie, longue de 3,900 kilomètres d’orient en occident, large de 3,200 kilomètres du nord au sud, s’étend du 11e au 39e degré de latitude méridionale, et du 111e au 152e degré de longitude à l’est du méridien de Paris. Sa superficie, qui est environ de 775,000 kilomètres carrés, est à peu près égale aux trois quarts de l’Europe. Pour se rendre compte du degré d’avancement qu’a atteint la géographie de cette vaste surface et apprécier les résultats obtenus par les voyages d’exploration dont il a été question plus haut, il faut tracer une ligne idéale qui irait du Golfe-Spencer à la Terre d’Arnheim en passant par le mont central de Stuart. Toute la moitié du continent qui est à droite, à l’orient de cette ligne, a été coupée en divers sens par les explorateurs de ces dernières années. Sans doute il reste encore bien des districts inconnus, des plateaux où l’homme blanc n’est jamais entré, des rivières dont il n’a pas remonté le cours jusqu’à la source ; mais les itinéraires ont été assez nombreux et rapprochés les uns des autres pour qu’aucun caractère saillant n’ait échappé : il n’y a là ni de grands lacs intérieurs, ni des steppes d’une aridité absolue. Une grande chaîne de montagnes parallèle à la mer règne au long de la côte. Un seul système fluvial a une sérieuse importance, la Murray et ses nombreux affluens. C’est sur cette moitié de l’Australie que se sont établies les grandes colonies anglaises dont la prospérité nous émerveille, et tout porte à croire qu’avant un très petit nombre d’années elles se la seront appropriée en entier.

L’autre moitié, celle qui est à l’occident du diamètre idéal dont il s’agit, nous est beaucoup moins connue. Sur la côte occidentale, une bande de médiocre largeur a été explorée ; la colonisation gagne peu dans cette direction. Quant à la portion moyenne qui s’étend entre la Terre de Tasman au nord et la Terre de Nuyts au sud, on ignore entièrement ce qu’elle renferme. C’est une région immense, qui n’est représentée sur la carte que par une surface blanche. Est-elle arrosée par un grand fleuve ? C’est douteux, car ce fleuve ne peut se déverser au sud, où les côtes inhospitalières de la Grande-Baie ne donnent passage qu’à de petits ruisseaux, et au nord les recherches hydrographiques n’ont révélé aucune grande embouchure. Y a-t-il des montagnes élevées ? C’est une supposition encore moins admissible que la précédente, puisque les grandes montagnes font les grandes rivières. Cette région inconnue contient sans doute, comme les districts déjà traversés, des plaines sans eau et sans verdure, des plateaux couverts d’une végétation chétive, puis des dunes de