Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 52.djvu/891

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une grande amélioration dans l’état de la colonie. Quelque intéressante et productive que soit l’industrie pastorale, on doit convenir qu’elle laisse perdre une grande partie des forces vives du sol, et qu’elle ne crée pas assez de liens entre la terre et l’homme. On s’attache médiocrement au sol dont on n’a que la jouissance temporaire. À ce point de vue, il y a donc avantage à encourager l’agriculture dans un pays neuf, en dehors même des profits que la colonie trouvera à se fournir elle-même du blé et du vin qui lui manquent, et des bénéfices qui résulteront pour le commerce général du monde de l’extension des cultures de coton, de sucre et de café. On a cependant reproché à ces dernières lois agraires d’être trop onéreuses pour le cultivateur, en ce sens que le prix de vente est trop élevé dans les districts de formation récente. Ce prix, étant uniforme, est au contraire inférieur à la valeur réelle des terres dans les cantons où la population est déjà dense. Il se produit là des compétitions nuisibles aux intérêts des colons sérieux. La spéculation s’en mêle et parvient à accaparer de grandes surfaces qu’elle revend plus tard avec un bénéfice considérable. L’Australie est en réalité celle de toutes les colonies anglaises où le prix des terres est le plus élevé. Aux États-Unis et au Canada, l’hectare coûte 12 fr. 50 cent., à la Nouvelle-Zélande 31 fr. 25 cent. Aussi on a reconnu qu’il était nécessaire à la Nouvelle-Galles du Sud de faire crédit aux acheteurs et de leur donner un délai de trois ans ; or dans un état essentiellement démocratique comme l’Australie on a l’expérience qu’une dette différée est dans ce cas une dette abandonnée. Le trésor seul en souffre, il est vrai, et le trésor est riche en ces contrées, puisque le produit des terres domaniales, ventes et redevances, s’est élevé à 40 millions de francs pour toute l’Australie pendant l’exercice de 1861. Ce qu’il importe surtout en ce moment est de coloniser le pays, d’y fixer une population sage, laborieuse et sédentaire. Si ce résultat est atteint sans que la grande industrie pastorale soit compromise ou rendue moins prospère, les législateurs australiens auront agi sagement.

Au nombre des mesures législatives qui ont facilité la colonisation du pays, il serait injuste d’oublier la loi relative au transfert