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de leur fortune ont déclassées, qui à grand’peine ont obtenu un brevet du dernier degré, et qui achèvent de mourir en surveillant languissamment quelques élèves illettrées et maladives. La plupart des écoles rurales sont dirigées par des religieuses.

Il y a environ 40,500 religieuses en France[1]. C’est tout un monde, composé des élémens les plus divers et recruté dans toutes les classes de la société. Plusieurs communautés sont riches par elles-mêmes, et ne reçoivent que des personnes bien élevées et en état de payer une forte dot. Vingt-deux maisons, appartenant à des congrégations autorisées, enseignantes ou hospitalières, se partagent une somme de 98,000 francs, inscrite annuellement au budget[2]. Presque toutes les religieuses exercent une industrie pour augmenter leur revenu, et la plupart d’entre elles sont obligées de mener une vie très laborieuse. La couture, la confection des objets de lingerie, les fleurs artificielles, les dentelles, la préparation de diverses sortes de confitures et de dragées, qui ne sont guère dans certains couvens qu’un moyen de varier les occupations de la journée, deviennent pour d’autres une ressource indispensable, et ne suffisent pas toujours à donner aux recluses une modeste aisance. Les principales branches de leur industrie sont le service des hôpitaux et des bureaux de bienfaisance, et l’enseignement. L’enseignement surtout est pour elles une sorte de vocation additionnelle, qui leur vient comme par surcroît avec celle de se consacrer au service de Dieu. Presque toutes les communautés, depuis les plus riches jusqu’aux plus humbles, les religieuses hospitalières, les ordres les plus rigoureusement cloîtrés, les simples associations charitables sans clôture et sans vœux solennels, ont ou un pensionnat ou une école. Quelques religieuses se tiennent, comme les frères des écoles chrétiennes, à la disposition des paroisses, et vont ouvrir école partout où on les appelle. Dans ce cas, elles ne se

  1. 23,359 religieuses vouées exclusivement à l’enseignement, 10,187 à la fois à l’enseignement et au service hospitalier, et enfin 6,845 vivant de la vie contemplative. — Recensement de 1856.
  2. En voici la nomenclature : Dames du Refuge, à Caen ; Sœurs du Refuge, à La Rochelle ; Sœurs de Charité, à Bourges ; idem, à Besançon ; Sœurs hospitalières de Saint-Maurice, à Chartres ; Sœurs du Refuge, à Rennes ; Sœurs de Charité, à Tours ; Sœurs de la Miséricorde, à Saint-Sauveur-le-Vicomte (Manche) ; Sœurs de la Doctrine chrétienne et Sœurs de Saint-Charles, à Nancy ; Sœurs de Charité, à Nevers ; Sœurs du Sacré-Cœur, à Beauvais ; Sœurs de la Miséricorde, à Sées ; Sœurs de Saint-Charles, à Lyon ; cinq communautés de Paris : les Dames augustines, les Sœurs de Saint-Vincent de Paul, les Sœurs de Saint-Maur, les Sœurs du Refuge de Saint-Michel et les Sœurs de Saint-Thomas de Villeneuve ; Sœurs du Refuge, à Versailles ; Sœurs de la Sagesse, à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée) ; Sœurs de Saint-Alexis, à Limoges. — Deux congrégations d’hommes seulement participent à cette libéralité de l’état : ce sont les Lazaristes et les Missions étrangères.