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peu près reçoivent l’instruction dans les écoles mixtes, presque toutes dirigées par des instituteurs laïques. Supprimons ces 360,000 enfans, il ne faudra plus dire que les religieuses élèvent la moitié des filles, il faudra dire qu’elles en élèvent les deux tiers. Supposons qu’en fermant aux filles les écoles mixtes, on ouvre immédiatement les 18,147 écoles de filles nécessaires pour les remplacer : il est probable, les mêmes causes agissant, que les nombres seuls seront changés, et que la proportion restera la même. Ainsi, pendant que le quart seulement des garçons recevra l’instruction dans les écoles congréganistes, les deux tiers des filles seront élevés par des religieuses.

Cela paraît assez grave. Les garçons et les filles, que nous voudrions séparer dans leur enfance, sont destinés à être réunis plus tard, et il faut les élever les uns pour les autres. Il importe assurément beaucoup au clergé d’élever les femmes, ou, ce qui revient au même, de les faire élever par des religieuses et dans des sentimens de ferveur religieuse, car si elles arrivent rarement à convertir leurs maris, ce sont elles qui donnent la première éducation à leurs enfans. Dans les pays nominalement catholiques, où l’indifférence religieuse a envahi les hommes de toutes les classes, depuis le philosophe jusqu’à l’ouvrier, tous les enfans sont baptisés et font leur première communion, tous les mariages sont bénis à l’église, on réclame les prières du clergé dans toutes les funérailles. Est-ce inconséquence des hommes ? Non vraiment, c’est le triomphe de l’influence des femmes. Plus cette influence ainsi exercée semble précieuse aux chrétiens fidèles, plus elle doit déplaire à ceux qui,

    tandis qu’il y a 12,826 écoles privées pour les filles, dont 5,630 sont dirigées par des religieuses.

    On se trompe assez généralement sur la proportion des écoles laïques et des écoles religieuses pour les garçons. Sur 41,426 écoles, publiques et libres, de garçons, 37,806 Bout dirigées par des laïques, et 3,531 par des frères. Ce n’est pas tout à fait un dixième. Les frères reprennent un peu l’avantage quand on compte le nombre des élèves au lieu de compter les écoles. Cela tient à ce que la plupart des frères, ne marchant que trois à la fois, et jamais isolément, ne peuvent être appelés dans de petites communes. En somme, les écoles de garçons, publiques ou libres, dans lesquelles sont comprises les écoles mixtes, renferment 1,785,420 garçons et 361,087 filles, soit une population de 2,146,507 élèves. 428,008 garçons reçoivent l’instruction dans les écoles congréganistes. C’est un peu moins du tiers ; mais, comme les pensionnats supérieurs de filles sont classés dans l’enseignement primaire, il y a lieu de tenir compte ici de 180,000 garçons élevés dans les lycées, les collèges, les petits séminaires, les institutions diverses, et dont 120,000 au moins sont élevés par des laïques. Cela fait à peu près, pour les laïques, les trois quarts des garçons. Au contraire, sur les 1,669,213 filles qui fréquentent les écoles de filles, il y en a 609,247, c’est-à dire un peu plus du tiers dans les écoles laïques, et 1,059,966 dans les écoles congréganistes.