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Tu t’endormis auprès de ton œuvre incomplète ;
Mais la mère du Christ, témoin de ton ardeur,
Quitta soudain les cieux pour prendre ta palette,
Et durant ton sommeil acheva ton labeur.
Bien des gens souriront à cette étrange histoire ;
Mais qu’ils voient comme moi ton travail enchanteur !
Il est si pur, si plein de grâce et de fraîcheur,
Qu’ils seront comme moi, ma foi, bien près d’y croire.

ROME.


La Judée eut Jésus, la Grèce Phidias ;
Mais Rome fit le grand mélange :
C’est là que Raphaël unit entre ses bras
Les fronts sacrés de la muse et de l’ange.


AU VATICAN.
À PROPOS DE LA CRÉATION DE L’HOMME PAU MICHEL-ANGE.


L’homme, statue inerte et de fange grossière,
Languissait incomplet sur le sein de la terre ;
Soudain l’air nuageux devient éblouissant.
Un tourbillon d’esprits, portant le Tout-Puissant,
Passe, et Dieu, touchant l’homme avec son doigt de flamme,
Donne à ce bloc d’argile une paît de son âme.


LA TRANSFIGURATION DE JÉSUS PAR RAPHAËL.


Entre terres et cieux le Christ est suspendu ;
Il a les bras levés et le regard perdu
Dans le rayonnement des splendeurs de son père.
Ses longs habits flottans sont tout blancs de lumière,
Et son visage, empreint d’une étrange beauté,
De plus en plus prend l’air de la divinité.


À SUBIACO.
UN TRAIT D’HISTOIRE.


De grands nuages noirs, le flanc chargé d’orages,
Sur la cime des monts roulaient silencieux.
L’air était étouffant, et sous les verts ombrages
Les oiseaux suspendaient leurs chants mélodieux.