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dence, le jour même qui suivit la bataille d’Antietam fut célébré dans tous les états séparés comme un jour de prières et d’actions de grâces en reconnaissance de tous les succès militaires que la bonté divine avait procurés à la confédération.

On eût dit qu’en vertu d’une loi d’oscillation rhythmique les armées en présence devaient obéir à un mouvement régulier de flux et de reflux dans l’immense territoire contesté qui s’étend des rivages de l’Atlantique aux grands déserts de l’ouest. Dans les états du Kentucky, du Missouri, du Tennessee et sur la frontière indienne, des victoires successives répondirent comme à un signal à la victoire remportée par Mac-Clellan. Le général confédéré Braxton Bragg, qui venait « délivrer le Kentucky de l’oppression des hordes étrangères, » .fut accueilli en ennemi par la grande majorité des populations qu’il prétendait secourir, et dut commencer son mouvement de retraite avant d’avoir attaqué Louisville. Le 21 septembre, la station de Mumfordsville fut reprise par la cavalerie fédérale; le 3 octobre, les confédérés évacuèrent Frankfort, capitale de l’état; le 4, le général Bragg sortit de la ville importante de Lexington aussitôt après avoir rendu toute une série de décrets et solennellement installé un gouverneur du Kentucky au nom de la confédération rebelle. Enfin le 8 octobre, se trouvant encore au centre de l’état, il fut presque complètement environné par les forces du général Buell, et, pour éviter d’être fait prisonnier, il dut se frayer à tout hasard un chemin avant que les divers corps unionistes eussent opéré leur jonction. La bataille, livrée sur les hauteurs de Chaplin, non loin de Perryville, fut sanglante, puisque l’armée fédérale y perdit à elle seule 3,200 hommes; les confédérés réussirent à faire leur trouée, mais ils durent abandonner le champ de bataille pendant la nuit pour gagner rapidement les frontières du Tennessee. La campagne d’invasion entreprise par les rebelles à l’ouest du Mississipi ne se termina pas d’une manière plus favorable pour la cause du sud. Le 10 octobre, le général Schofield expulsa du Missouri les dernières bandes des confédérés. Quant au général Grant, qui s’était aventuré en plein territoire ennemi sur les frontières de l’état du Mississipi, il n’avait jamais abandonné sa ligne d’opérations. Il est vrai que son corps d’armée avait été considérablement affaibli par les combats, les maladies et les emprunts que lui faisait le général Buell; toutefois l’heureux tacticien qui devait plus tard acquérir tant de gloire à Vicksburg et à Chattanooga avait su maintenir au moyen d’incessantes victoires le terrain précédemment conquis. Le 19 et le 20 septembre, un de ses lieutenans, le général Rosecrans, chassant les confédérés de la station de Iuka, avait rouvert à l’armée unioniste du Mississipi le chemin de Nashville et du Kentucky. Le 3 octobre, toutes les forces des rebelles, évaluées à