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Les pensionnaires des collèges appartiennent aux classes nobles ou aisées, qui peuvent supporter la dépense assez onéreuse de la vie universitaire. Tout est cher à Oxford et à Cambridge, le logement, la table, les frais d’étude, les droits d’examen ; trois ou quatre ans de stage entre dix-huit et vingt-deux ans sont en outre un sacrifice et un obstacle pour les jeunes gens qui visent à des carrières précoces, soit par besoin, soit par convenance. Aussi le nombre des étudians est-il assez limité, et ne semble pas en rapport avec l’opulence publique. La moyenne, dans les trois universités né dépasse pas 4,500 inscriptions, sur lesquelles Oxford et Cambridge se partagent 4,000 inscriptions, pour n’en laisser que 500 à Durham. C’est le contingent fourni par les vingt millions d’âmes qui peuplent aujourd’hui le vieux royaume. Encore faut-il, s’il s’agit du revenu, en déduire les bourses qui sont largement compensées par des dotations. L’histoire de ces bourses remonte aux temps de la réformation. L’église catholique, là comme ailleurs, tenait dans ses mains l’enseignement de la jeunesse ; les couvens, les presbytères, les maîtrises des cathédrales étaient autant d’écoles gratuitement ouvertes, sans distinction de destinations ; on y formait des élèves pour le monde comme pour le sacerdoce. Quand vinrent les jours de schisme, suivis de la confiscation des biens, l’établissement ancien croula, et il fallut, sous une autre forme et avec d’autres agens, pourvoir aux besoins de l’instruction publique. Les universités seules restaient debout, plus nominales que réelles et sans moyen de recrutement. De là un appel à l’effort volontaire pour suppléer à ce que fournissaient auparavant les propriétés de mainmorte et les tributs de toute nature perçus par le clergé. Cet appel fut entendu ; les souscriptions abondèrent, puis vinrent les donations et les legs, et ce fut ainsi que se fondèrent ce que l’on nomma des écoles de grammaire, destinées à former des humanistes. Au début, il ne s’agissait que de restituer au clergé réformé l’équivalent des séminaires où l’ancien clergé se recrutait ; plus tard, on en agrandit les cadres au profit des éducations séculières. Dans cette œuvre d’assistance, les libéralités privées n’étaient pas toutes sans conditions ; en plus d’un cas, on y attachait la réserve d’un nombre déterminé débourses en faveur des enfans pauvres. Tantôt ces bourses étaient au concours pour les plus méritans, tantôt les donataires en gardaient la libre disposition pour les transmettre dans leurs familles d’aîné en aîné. La manière dont on traitait les élèves qui entraient par cette porte est encore un trait de mœurs. Longtemps on les obligea à des actes de domesticité, soit pour tenir marquée la distance des rangs, soit pour regagner sur eux une portion de la faveur qui leur était échue. Ils balayaient