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contingent réglementaire. Avec toute la déférence possible pour le texte des statuts, on ne pouvait pas aller plus loin ; l’aliment manquait dans les limites des paroisses. Force était donc de prendre un parti à moins de convertir Saint-Olef en une caisse de thésaurisation. Deux écoles à titre gratuit furent alors ouvertes, l’une du premier degré avec 350 élèves, l’autre du second degré avec 400 élèves. Dans cette dernière, le latin et le grée ont été maintenus ; en profite qui veut. Des professeurs de choix sont attachés aux deux divisions, depuis l’instruction élémentaire jusqu’à l’instruction supérieure. Saint-Olef ne pouvait donner à ses excédans de recette une meilleure destination. Sans sortir de son enceinte, l’enfant a l’option entre toutes les carrières, et si haut qu’il vise, il trouve les moyens de s’y préparer.

Près de ces écoles qui, par nécessité, ont dû déroger aux conditions de leur origine, il en est d’autres qui l’ont fait en sens inverse et en élevant leur niveau par des interprétations abusives de leurs chartes. Les écoles des corps de métiers sont dans ce cas. Il y en a deux à Londres tenues sur le meilleur pied et qui remontent à deux siècles, celles des marchands drapiers et des marchands tailleurs. En apparence, leur destination était inscrite dans leur titre même et ne pouvait donner lieu à aucune équivoque. Les corps de métiers, en les fondant, ne semblaient avoir en vue que les enfans nés dans la profession. C’était le cas de s’en tenir à une affectation si bien spécifiée. Il n’en a rien été ; les moindres élémens de ces écoles sont des fils de drapiers ou de tailleurs ; l’armée, le barreau, le négoce, la finance, la bourgeoisie, y fournissent la grande majorité des élèves. Comment cette intrusion a-t-elle eu lieu ? Par le cours naturel des choses. En principe, l’affectation spéciale n’était que dans le titre ; les statuts étaient plus généreux, ils n’emportaient pas d’exclusion. Les comités chargés de pourvoir aux vacances avaient la liberté des choix, et rien de plus naturel au début, quand ces comités étaient pris dans le corps du métier et se recrutaient d’eux-mêmes ; mais, ce qui eût été à prévoir, la composition de ces comités s’altéra avec le temps et en raison de la fortune des écoles. Devenues plus riches, l’ambition les poussa vers une clientèle assortie à leur richesse et une sorte de désaveu de leurs humbles commencemens. Les comités, de leur côté, cédèrent à la vanité des noms, et s’adjoignirent des hommes de naissance ou des parvenus retirés de la profession et qui n’y portaient plus le même intérêt. Peu à peu ces écoles échappèrent ainsi aux mains des corps qui les avaient fondées ; les comités en disposèrent comme bon leur semblait, et à peine cherchèrent-ils à sauver les apparences. Le costume et l’enseignement furent néanmoins respectés ; ce sont les