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vite à la paix et nous reproche paternellement de vouloir nous faire un gouvernement à parti Mais nous n’en avons pas besoin : nous ne sommes point séparés ; nous sommes unis, dans la communion et la charité, à tous les évêques qui professent la vraie foi. Es-tu donc l’église à toi seul, et celui qui t’offense et celui que tu n’aimes pas doit-il être exclu par le Christ ? Si tu défends ton propre gouvernement, montre-nous du moins un évêque dans ta personne, et non un persécuteur. Ce qui nous sépare de toi, c’est la question du dogme : nous le disons, nous le répétons. Prouve-nous que tu es chrétien, que tu es catholique, et lorsqu’il n’y aura plus entre nous d’autre sujet de dissentiment que l’ordination de Paulinien, la paix sera bientôt signée !

« Oh ! tes plaintes à ce sujet sont fondées sur de bien grandes raisons ! Paulinien est un enfant ! et tu nous fais annoncer ce crime canonique par un prêtre, ton légat, ton confident, ton ouvrage, et qui n’a pas l’âge de Paulinien. Paulinien a été ordonné sans ton consentement, dans ton diocèse ! Mais n’as-tu pas fait venir de l’église de Tyr le diacre Théosèbe pour en faire un prêtre de Bethléem, parce qu’il est notre ennemi, parce que tu le crois éloquent, parce que tu le vois tout prêt à nous accabler de ses foudres ? Tu peux sans scrupule fouler aux pieds les canons, car tous tes caprices sont des droits, tous tes actes des règles de doctrine, et tu oses citer le vénérable Épiphane au tribunal du Christ, pour y être jugé avec toi ! Tu reproches à ce saint évêque l’hospitalité de ton toit et la communauté de ta table, et tu écris qu’avant le discours prononcé dans la chapelle du Sépulcre il ne t’avait entretenu ni d’Origène ni de ses doutes sur ta foi ; tu l’écris, et tu prends Dieu à témoin de la vérité de ton affirmation ! Épiphane affirme le contraire, il l’écrit, il te l’a dit en face, il l’a dit à tout le monde, il l’a dit à nous-mêmes, en présence de toute notre communauté, prête à en porter témoignage….. Mais je m’arrête : pour l’honneur de l’épiscopat, je ne voudrais pas convaincre un évêque de parjure. »


Cependant le gouverneur de la Palestine, Archélaüs, homme honnête et éclairé, prit à tâche de rétablir la paix. S’étant rendu à Bethléem, il invita Jean de Jérusalem à s’y rendre de son côté pour s’expliquer en sa présence sur les causes de cette désunion. « Qu’il nous expose sa foi, répétait Jérôme, qu’il dissipe nos doutes, et nous nous soumettrons à lui sans réserve. » Jean promit d’abord de venir ; mais au moment fixé pour l’entrevue il manda qu’une certaine dame de sa connaissance était malade, et que cette maladie le retenait à Jérusalem. Le jour de Pâques approchait, et un grand nombre de moines, accourus pour assister à la conférence et regagner ensuite leurs couvens, montraient de ce retard une vive contrariété. Archélaüs écrit de nouveau ; il annonce à Jean qu’il restera à l’attendre un jour ou deux. Jean ne vint point ; la dame ne pouvait se passer de lui ; elle ne pouvait en son absence supporter la migraine ou le mal de cœur : la dame vomissait toujours !