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sico-chimiques, de telle sorte que les influences qui provoquent, accélèrent ou ralentissent les manifestations vitales chez les êtres vivans sont exactement les mêmes que celles qui provoquent, accélèrent ou ralentissent les manifestations minérales dans les corps bruts. Loin de voir, à l’exemple des vitalistes, une sorte d’opposition ou d’incompatibilité entre les conditions des fonctions vitales et les conditions des actions minérales, il faut au contraire constater entre ces deux ordres de phénomènes un parallélisme complet et une relation directe et nécessaire. Cette relation est plus étroite chez les êtres inférieurs, chez les végétaux et chez les animaux à sang froid ; mais chez l’homme et chez les autres animaux à sang chaud il y a en général une indépendance évidente entre les fonctions de l’organisme et les conditions du milieu ambiant. Les phénomènes vitaux ne subissent plus dans leurs manifestations l’influence des alternatives des saisons ni celle des variations cosmiques. Par suite d’un mécanisme protecteur plus complet, l’animal possède et maintient en lui, dans un milieu intérieur qui lui est propre, les conditions d’humidité et de chaleur nécessaires aux manifestations des phénomènes vitaux. L’organisme de l’animal à sang chaud, étant suffisamment protégé, n’entre que très difficilement en équilibre avec le milieu extérieur ; il garde en quelque sorte ses organes en serre chaude, et il leur conserve ainsi leur activité vitale. C’est de même que nous voyons, dans les serres de nos jardins, se manifester une activité vitale végétative indépendante des chaleurs et des frimas extérieurs, mais liée cependant d’une manière intime et nécessaire aux conditions physico-chimiques de l’atmosphère intérieure de la serre.

Les manifestations de la vie que nous observons chez l’homme ou chez un animal supérieur sont beaucoup plus complexes qu’elles ne nous apparaissent ; mais ce qu’il ne faut jamais oublier, c’est que, quelle qu’en soit la complexité, elles sont toujours la résultante des propriétés intimes d’une foule d’élémens organiques dont l’activité est liée aux conditions physico-chimiques des milieux internes où ils sont plongés. Nous supprimons dans nos explications le milieu intérieur que nous ne voyons pas pour ne considérer que le milieu extérieur qui est sous nos yeux, et c’est ainsi que nous pouvons croire faussement qu’il y a dans l’être vivant une force vitale qui viole les lois physico-chimiques du milieu cosmique général.

Les machines vivantes sont donc créées et construites de telle façon qu’en se perfectionnant elles deviennent de plus en plus libres dans le monde extérieur ; mais il n’en existe pas moins la détermination vitale dans leur milieu interne, qui par suite de ce même perfec-